En 2009 sortait la bobine qui allait changer le regard du public envers l’un des cinéastes le moins aimé, Uwe Boll. Sortie en France sous le nom à rallonge Rampage: Sniper en liberté, elle nous narrait une histoire bien ficelée, nihiliste à souhait et au final aussi étonnant qu’inattendu. A sa tête on retrouvait Brendan Fletcher, un habitué du réalisateur teuton, qui y campait Bill Williamson, un jeune homme troublé et cliché jusqu’au dénouement final, qui révélait un personnage bien plus complexe qu’un simple « mass murderer ». Boll aime ce genre de films, et il n’est pas étonnant de le voir y revenir étant donné le statut culte de son long-métrage sorti en 1994, Amoklauf. Néanmoins entre Amoklauf, Rampage, Assault on Wall Street et enfin cette suite, il y avait comme un sentiment de redite dans l’air. Sentiment appuyé par un paquet de flashbacks qui laissent d’abord penser à du remplissage facile en plus de créer un merdier invraisemblable dans la narration. Dommage, car l’intérêt des flashbacks dans une suite c’est d’éclairer le spectateur qui n’aurait pas vu l’opus précédent, et non l’inverse. Heureusement les choses décollent finalement assez vite pour aller au coeur de l’action et permettre à Boll de placer subtilement ses marques, le tout rythmé par quelques belles effusions de sang, même si bien moins nombreuses que précédemment. D’ailleurs oubliez l’open space dont nous avions profité la première fois, car ici le métrage se classe très vite dans la catégorie huis clos avec une longue prise d’otage ainsi qu’une interview de Bill, sorte de mélange entre Azraël l’ange de la mort et Morpheus révélant à Neo la dure vérité. Bill décrie le contrôle des armes aux Etats-Unis et s’utilise lui-même comme exemple de ce laxisme, il aborde WikiLeaks, le système éducatif et politique américain qui vise à enfermer la population dans l’idiotie et l’ignorance afin de pouvoir mieux la contrôler. Brendan Fletcher nous bluffe à nouveau en reprenant cette casquette de tueur arrosant le public de plus d’intelligence que Michael Bay n’a pu le faire dans toute sa carrière. Une chose est sûre, lorsque l’on veut un triller mêlant massacre urbain et réflexion alors Uwe Boll est l’Homme de la situation, même si l’on retrouve une nouvelle fois chez lui des défauts qui lui sont propres, dont cette sale habitude d’user et abuser du shaky cam à la moindre montée de tension. On ajoutera à cela un travail de post-production fait à la va-vite, au point qu’il est impossible de différencier la caméra du réalisateur de celle du reporter télé, si ce n’est par une indication en bas de l’écran, « LIVE ». Un peu plus de travail sur ce point aurait permis de cacher une certaine indigence générale liée aux décors faisant très « studio », ce qui est heureusement contrebalancé par quelques explosions et gunfights maîtrisés placés de-ci de-là. Les détracteurs de Boll ne manqueront pas de pointer sa présence à l’écran, qui est, il faut bien l’avouer, inutile, déjà parce qu’il joue mal, mais aussi parce que le voir regarder l’interview de Bill en disant à quel point il a raison donne l’impression d’assister à un réalisateur qui s’auto-congratule.
Rampage: Capital Punishment est une suite honorable, profitant d’une bonne rythmique et d’un scénario bien huilé, le faisant passer à vitesse grand V. Boll casse du sucre sur le dos de pas mal de monde tout en veillant à ne pas glisser sur la pente conspirationniste-illuminati-reptilien-franc-maçon-dieudonniste, du coup la part du public un minimum curieuse n’apprendra rien de nouveau, tandis que l’autre aura suffisamment d’informations à ruminer une fois la séance terminée. Brendan Fletcher est grandiose et Uwe Boll prouve à nouveau qu’il a du talent, illustré une derrière fois lors d’une sordide scène placée juste avant le générique de fin.
SlashersHouse
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le 25 août 2014

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