Cinquième long-métrage pour Quentin Dupieux, cinquième absence de sens pour chaque spectateur présent. Après le très déstabilisant Rubber, le très juste et drôle Steak, et ses deux derniers films, à mon goût moins risqués et moins marquants, Wrong et Wrong Cops, Quentin Dupieux nous cloue au siège avec son ovni Réalité. Enorme farce sur fond de mise en abîme, Réalité contemple Alain Chabat, cadreur à la TV, cherchant désespérément un cri pour son premier long-métrage « Waves ». Si le film est aussi improbable que jouissif, en parler risque d’être un exercice complexe. Mais je me dois d’essayer tant il m’a marqué !


Réalité est un Ovni qui tombe bien. Il affirme le talent de Quentin Dupieux et redresse la pente prise par ses deux précédents films. Il permet aussi à Alain Chabat de gesticuler parfaitement dans un bon film. Le film s’ouvre sur une scène de chasse. Thème qui sera repris durant tout le long du film. La chasse d’un père de famille face à un sanglier dans lequel se trouve une VHS, la chasse de Jonathan Lambert, producteur de cinéma, envers des surfeurs, la chasse d’un homme contre ses cauchemars, celle d’un homme face à ses peurs, la chasse de l’homme face à l’homme. Le film pose la question de l’utilité de l’homme, de sa légitimé et surtout de son incompréhension du monde et de lui même. Les personnages se battent les uns envers les autres, mais aussi envers eux même. Les personnages, comme nous le rappel Dupieux dans ses séquences de visionnage de rushs, sont de vrais spectateurs. La caméra leur sert, comme au spectateur, une interprétation de leur vie qu’ils ne comprennent pas. C’est la le tour de force de Quentin Dupieux qui arrive par un montage précis à faire du spectateur un personnage et du personnage un spectateur. En fait pour être sincère, si le film paraît complexe en emboitant les séquences les unes dans les autres, toute analyse précise se retrouve mis à néant par le potentiel incroyable de Dupieux pour le Non sens, l’inexpliqué et surtout l’humour. Dupieux nous perd, mais ne nous rattrape jamais, se permettant de plus en plus d’interactions loufoques entre les personnages. Incohérences sur incohérences. L’incohérence sert l’humour. On tente, comme devant toutes œuvres, de comprendre, de se créer une suite logique pour mieux anticiper ce que l’on va voir et analyser ce que l’on a vu. Mais, très vite, on apprend à ne plus s’en soucier. On se laisse porter par la sauvagerie incompréhensive d’une œuvre sans queue ni tête.


la suite de la critique sur Le Cinéma du Ghetto :

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le 24 févr. 2015

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Charlouille .

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