"Il surgit, l'Aigle Noir."
Avec des dialogues simplistes, des gros riffs de gratte sortis hors-contexte et balancés à la pelle pendant les scènes d'action (cherchez celui de Metallica), on se voit mal parti pour dire du bien de ce film. Et ce ne sont pas les moments de drame ou de gravité importés des US qui relèveront le niveau, tant ils sont décrédibilisés par une ambiance globalement légère et « coolio », à la frontière du Bollywood dans certaines scènes. Pour un peu, on n'est parfois pas loin du burlesque tant ça baigne dans le second degré.
Ainsi, si l'esprit teen-movie est parfois indigeste, les scènes d'action vitaminées sont la plupart du temps rigoureusement classes. On y trouve des effets bienvenus, comme cette focale sur les os brisés d'un adversaire, façon radiographie à la Splinter Cell Conviction, ou encore les plans successifs secs et rigides rappelant les Sentai.
D'obédience exotique tout en étant occidental, on assiste à l'interprétation asiatique des films américains se faisant l'écho de l'idéologie républicaine du justicier qui reprend ses droits quand la société n'est plus en mesure d'assurer la Justice. Un Dexter-like, en somme, se débarrassant des petits voyous, et davantage comparable à un chevalier noir chasseur de scumbags qu'à un super-héros classique affrontant des super-vilains à la chaîne pour le beau geste du héros de cape et d'épée.
Comme Batou, Red Eagle fait lui aussi des siennes la nuit. Avec une action majoritairement sombre, la mise en scène joue beaucoup sur les contrastes et les effets de lumière pour dynamiser les combats. A ce titre, le combat final « glacial » est digne de la scène d'affrontement de Vulcan Raven dans le premier MGS ; ou bien de Mr. Freeze dans Batman Forever ? (mouhahahaha) Avouons quand même, pour réunir le meilleur des deux mondes, que les deux partagent le même esprit débilo-tatane...
Pourtant, les gadgets sont rudimentaires ici, l'Aigle Rouge préférant faire ses armes avec une arme blanche bien affutée, une arme à feu que le Texan peut acheter au coin de la rue, et une vision thermique qui montre à peine le bout de son nez. Pour le reste, le héros passe le plus clair de son temps à utiliser ses poings et ses pieds, que ce soit pour manœuvrer sa moto-aspirateur made in Japan, ou pour réaliser des chorégraphies de films de Kung-fu. Aussi, on peut voir dans les combats au sabre un petit clin d'oeil adressé aux films de Samouraï, comme pour rappeler que l'Occident n'a pas encore ravagé tout le paysage cinématographique Asiat'.
Et le scénario, dans tout ça ? Eh bien... Il est plutôt mal écrit, à vrai dire. Ca piétine pas mal en aller-retour, sans jamais vraiment savoir vers quoi on s'achemine... L'histoire d'amour, qui pourrait servir de ligne directrice, est traitée en deux temps trois mouvements, et pourrait très bien passer à la trappe sans voir la différence. Le super-héros besogne pour un monde meilleur, certes, mais ça ne suffit pas pour faire une histoire prenante.
Verdict. Si c'est pas le film du siècle, il dispose d'un charme tour à tour extravagant ou désuet de série B, sûrement hérité du film original que je n'ai pas vu. Avec l'arbre planté en frontispice, on ne voit pas la forêt d'influences variées d'un film qui ne se prend pas au sérieux tout en proposant un bon divertissement bâtard.