Ce documentaire est un témoin du temps qui passe, d'une France qui change peu dans sa population (excepté Claude Hébert, la plupart des figurants du film habitent toujours là, 30 ans après), et d'un pays qui se transforme, aussi bien au niveau industriel (le passage aux laboratoires Eclair, la modernisation de l'agriculture...) que dans l'évolution de sa justice (le passage en prison, avec la "valeur" d'un parricide à l'échelle des crimes, est édifiant), en passant bien entendu sur la destinée de ces personnages.
Il est amusant de voir que pour certains, le film d'Allio a changé leur vie, ou du moins orienté leur vie professionnelle, malgré leur présence à l'écran assez réduite, quand ils ne sont pas coupés (comme le vieux monsieur, qui se marie dans le docu).


Après le succès de Etre et avoir, Philibert, dans le bonus dvd, avoue s'être "servi" de son succès pour faire un documentaire aussi personnel, au risque de dérouter, car au fond, on assiste là à sa jeunesse, quand il fut premier assistant de René Allio (qui a dû compter beaucoup pour lui), à ses doutes de cinéaste, d'homme.
Il va jusqu'à proposer une scène coupée (mais muette, choix du réalisateur) de Moi, Pierre Rivière... où jouait son père, Ministre de la justice, et utilise fréquemment la musique de son grand-père.


Malgré le sujet personnel du docu, il repose aussi sur un mystère, à savoir la recherche de l'acteur principal, Claude Hébert, qui sera retrouvé, et au destin incroyable (devenu acteur, il est devenu ensuite prêtre, l'inverse de son rôle d'assassin dans le film), celui-ci représentait beaucoup d'aspect avec Pierre Rivière au moment du tournage.
D'ailleurs, le tournage ne sera que très rarement évoqué, Philibert ne se repose que sur les figurants rencontrés pendant la préparation, et sur les difficultés d'Allio à financer le film à l'époque.


Malgré quelques points discutables (comme des longs plans fixes sur une moissonneuse-batteuse, ou sur le ciel....), et des images terribles (comme l'égorgement d'un cochon, réalité d'un monde rural que son réalisateur veut montrer), c'est un documentaire exemplaire sur le temps qui passe, l'influence du cinéma sur notre subconscient, ainsi que la représentation de plusieurs époques (celle du début du 19eme siècle, et des années 70). Ça donne un film beaucoup plus riche qu'il n'en paraît, bien loin du making-of (dont le sujet peut y faire penser, mais c'en est très loin).

Boubakar
7
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le 13 sept. 2019

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