Revenge : Long métrage ou Mini-Série à un seul épisode?

Longtemps, j'allais manger dans un macdo une fois par an, histoire de me remémorer la raison qui me fait apprécier les vrais restaurants. Ça fait pourtant bien 5 ou 6 ans que je n'y suis plus allé du tout et ma moyenne baisse! Peut-être n'irai-je plus jamais, qui sait?
De même, j'aime passer du temps devant une série ou une mini-série, sans imaginer pourtant qu'elle va me bouleverser, ni changer ma vie après avoir laissé dans mon champ mental un sillon profond, la trace des réflexions qu'elle aura suscitées. Je m'installe devant une série comme on consomme une gourmandise et attendu que je n'en espère pas plus que de passer un bon moment, il m'arrive même d'être surpris d'y trouver des pépites : par exemple les comédiens et l'intrigue de Brön, ou encore Sofie Gråbøl, l'interprète principale de The Killing (dans sa version d'origine danoise) etc...
Mais j'ai voulu voir Revenge pour d'autres motifs.
Après avoir été complètement retourné par Incendies, le superbe film de Denis Villeneuve, nommé pour l'oscar du meilleur film étranger en 2011, j'ai cherché sur Wikipedia quels étaient ses concurrents cette année là: Il y avait Biutiful, terrible film de Iñarritu, avec un Javier Bardem incroyable en bon Samaritain qui va se livrer malgré tout sans scrupules à d'infâmes combines, Canine de Yórgos Lánthimos, Hors-la-Loi de Rachid Bouchareb, et Revenge de Susanne Bier, qui a obtenu la récompense. L'année précédente c'était Dans ses yeux, de Juan José Campanella, histoire d'un impossible amour, sur fond de dictature argentine, et des blessures qu'elle produisit. L'année suivante, en 2012 : Une Séparation, de Asghar Farhadi obtint le titre.
Je pensais trouver dans Revenge la même profondeur, le même sens du tragique que dans les films que je viens de citer.
L'histoire s'y prête : un médecin danois soigne les gens comme il peut, dans un camp de fortune au Soudan. Il arrive même à sauver (pas toujours) des femmes violées et mutilées par Big Man, un ignoble crétin sadique qui fait la loi à la Kalashnikov avec sa bande de crétins qui eux ne sont juste que des crétins.
En parallèle, il y a sa vie au Danemark, sa femme, leur séparation, son fils, le copain d'école de son fils, ainsi qu'un autre petit sadique (un gamin qui terrorise les enfants de l'école), et puis le sentiment d'injustice, celui qui va engendrer la Vengeance.
C'est bien construit, et les plans africains sont particulièrement saisissants.
Et pourtant, au générique de fin j'ai une légère impression d'inassouvi. Le lendemain l'impression se confirme et je peux l'identifier : Les caractères ne m'ont laissé aucune empreinte!
Les personnages ont dit ou fait ce qu'ils étaient supposés dire ou faire dans le contexte qui était le leur mais... il me semble que je vais les oublier bien vite. Sauf peut-être l'un d'entre eux, celui qui suscite la Vengeance: un garagiste violent et agressif (Kim Bodnia, justement l'un des deux interprètes principaux de la série Brön). Sa présence donne tout à coup de l'épaisseur au film. Comme si l'on entrait vraiment dans le vif du sujet.
Mais hélas il n'apparaît que quelques minutes, à la suite desquelles je peux alors clairement identifier les méchants, ceux qui sont les prétextes de l'intrigue (le garagiste danois ou le crétin sadique africain). La réalisatrice n'a plus ensuite qu'à dérouler le fil de son histoire qui finira bien ou qui finira mal... on ne va pas "spoiler". En illustrant en parallèle les deux manières les plus courantes de réagir à l'injustice : tendre l'autre joue ou bien réagir par une violence encore plus grande.
C'est fort bien fait. Certainement aussi bien fait fait qu'une série. Une série danoise par exemple (ça y ressemble parfois).
Mais une série qui n'aurait qu'un seul et unique épisode!

Dwitt
6
Écrit par

Créée

le 29 janv. 2017

Critique lue 323 fois

1 j'aime

2 commentaires

Dwitt

Écrit par

Critique lue 323 fois

1
2

D'autres avis sur Revenge

Revenge
SlashersHouse
7

In a better world...

Susanne Bier, nominée aux Oscars en 2007 pour son film After The Wedding, nous revient cette année avec Revenge, qui lui a enfin permis de décrocher le prix lors de la dernière cérémonie. Christian...

le 19 mars 2011

3 j'aime

Revenge
Adrast
7

Surprise pas partie.

Ca pour une surprise... C'est une surprise ! Revenge fait partie de ces films dont on n'attend rien. Dont on n'a pas entendu parler et qui sortent de nulle part. Suédois ou plutôt Danois ? Nordique,...

le 21 mars 2011

2 j'aime

1

Revenge
Zyppi
4

Critique de Revenge par Zyppi

Ça partait d'un bon sentiment et pourtant... De revanche en revanche, de violence en violence, on se lasse vite. D'où vient justement cette violence ? Qu'est-ce qui explique le comportement de ce...

le 17 mars 2011

2 j'aime

Du même critique

La Fille de Brest
Dwitt
6

Verbatim? Encore un mot à la mode?

Une prestation exemplaire pour Sidse Babett Knudsen! Qui est partout, quasiment dans chaque scène. Qui virevolte, crie, hurle, rit, engueule, pleure... A tel point que le monde entier semble tourner...

le 28 nov. 2016

3 j'aime

3

Y tu mamá también (Et... ta mère aussi !)
Dwitt
6

Dis qu'as-tu fait, toi que voilà, de ta Jeunesse?

Et si on commençait par la fin? Sans spoiler. Promis! "Watermelon in Easter Hay" est un des plus beaux chorus de Frank Zappa. (Il fait partie de son opus "Joe's Garage" : Joe vit pour la musique mais...

le 25 nov. 2016

3 j'aime

3

Le Client
Dwitt
8

Un beau film, profond et sans chichis!

... Des comédiennes et des comédiens tous très justes. Pas de tralala. Une histoire dans l'histoire (les principaux protagonistes sont aussi comédiens dans le film). Et mine de rien, un air de...

le 20 nov. 2016

3 j'aime

3