Rio 2
5.5
Rio 2

Long-métrage d'animation de Carlos Saldanha (2014)

Le cinéma d'animation grand public pour enfant, actuel, dont Rio 2 en est un exemple parmi une multiplicité d'autres semblables, tous destinés à un seul et unique public (les enfants), nous permet d'emblée de nous poser la question suivante : quels messages faire passer aux enfants du XXIe siècle ? Quelle éducation donner à des enfants à un âge où ils sont plongés en plein dans l'apprentissage, où la moindre chose prend une influence considérable sur le bout d'être humain qui s'encre tout juste dans le monde, pour devenir ce qu'il deviendra plus tard ?


Avant toute chose, je n'ai pas vu Rio 1, et regarde donc Rio 2 en compagnie de mon petit frère de 9 ans.
Il est intéressant de prendre Rio 2 par le biais d'une analyse somme toute sociologique, par un questionnement intense et plus que nécessaire sur l'éducation. Intéressant également, d'en décrypter ces messages effroyablement flagrants de notre société de consommation, et surtout messages subliminaux d'une incitation à consommer, pour que l'enfance qui gobe tout (car comment pourrait-elle faire autrement ?), puisse grandir dans le moule, se développer bonnement, afin qu'elle prenne la forme d'un bon petit citoyen docile et serviable. Le cerveau ankylosé dans une masse de brouillard.
Parce qu'en terme d'objets de consommation, ça grouille de partout là-dedans : Ipod, écouteurs, pancakes (témoignant ainsi de l'américanisation comme de la mondialisation de la chose), soda, GPS et j'en passe. Ainsi l'histoire est inversée. La culture surpasse la nature. Ici, l'oiseau n'est plus dans son état naturel, qu'il découvre justement de plein fouet. C'est cette question de nature culture que ne cesse de questionner Rousseau, et qui reste irrémédiablement fascinante.


Rio 2 est l'illustration parfaite d'un désir d'encrer dans le moule des enfants en plein devenir. Cinéma pour enfant grand public, qui ne cesse de renouveler encore et toujours les mêmes histoires, les mêmes scénarios, les mêmes façons de faire, les mêmes archétypes et clichés. Mais c'est un film pour enfant me direz-vous, ainsi le manichéisme n'a-t-il pas le droit d'être, simplement ? Je ne suis pas une spécialiste du cinéma d'animation pour enfants, loin de là. Le manichéisme, oui, si l'on considère qu'un film pour enfant doit rester simple dans sa compréhension car destiné à un public autre que celui des adultes. Oui, bien sûr. Mais tout ça est délicat. Il ne faut pas rester dans l'infantilisation, même si l'enfant reste un enfant.


Est-ce que insuffler à des enfants l'image d'archétypes ne les formeraient-ils pas à une idéologie de pensée qui deviendra par la suite inconsciente, et manipulée par les nombreuses images mises dans les têtes, comme dans nos propres cerveaux ? L'enfance est fragile, elle est la genèse de l'existence, la base de la nature, de la culture. C'est pourquoi la question de l'éducation ne cesse encore et toujours d'être d'actualité, pour les enfants comme pour nous.


Ainsi, les nombreux clichés du film : ici le méchant oiseau contre le gentil un peu con con, les caractéristiques d'une famille lambda, (oiseau femelle avec des grands cils toute bleue ciel, trois petits oisillons qui courent partout, un papa perdu et pas très sûr de lui : on pense ainsi à cet autre papa dans le Monde de Nemo).


Les images véhiculées, toutes les images, et de surcroît celles du cinéma d'animation pour enfant, aident-elles l'enfant à grandir du mieux qu'il le peut, le dirigeant vers une compréhension du monde qu'il s’appropriera de lui-même ?


Lunette vous invite à la réflexion et vous souhaite le bonsoir.

Lunette
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le 8 nov. 2015

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