En voilà un animal rare. Un animal rare et prometteur. Howard Hawks propose un western en huis-clos. Loin des grandes chevauchées dans le sauvage, la course effrénée face aux plaines étendues, Rio Bravo se déroule dans une petite bourgade de l'ouest assiégée par une armée à la solde de propriétaires terriens.
Sur le papier, Rio Bravo avait tout pour me plaire. Mais si je n'ai pas détesté l'aventure, je suis loin d'avoir été pris par la proposition esthétique qui en découle.
Là où Howard Hawks surprend, en plus de son postulat initial, c'est qu'il va déjouer les attentes de tension pour mettre en valeur l'amitié du shérif de la localité et de ses adjoints. Le problème, c'est qu'il agite ici une épée à double tranchant. La tension, palpable au début, se désamorce rapidement. D'une ville à l'atmosphère anxiogène et étouffante, nous passons finalement à un quartier de bons voisins vigilants. Le choix des plans n'aide pas, avec une réalisation très fonctionnelle, rien de plus ne transparait. L'atmosphère est plate, sans relief, sans tension, tout est conventionnel.
L'amitié vendue ne m'émeut ainsi pas plus que ça. Comment accrocher à ces dialogues creux ? Dois-je ressentir une quelconque émotion pour les personnages et leurs liens ? Sans éléments extérieurs, sans réelles menaces pour ébranler les certitudes, je n'arrive pas à m'investir davantage dans le récit.
En passant par ces points, le jeu de John Wayne est assez mauvais dans l'ensemble. Dès qu'il s'arrête de parler, son regard devient vide, comme s'il déréalisait. Il apparaît parfois apathique, pas loin de la retraite.
J'en suis assez désolé. Le film était prometteur, il a malgré tout de bons moments, notamment son introduction. C'est comme un bon dodo, un animal rare et remarqué car insolite, mais que j'aurais vite oublié une fois réveillé.