Ne laisse pas mon petit monstre poilu te faire peur
Deux hommes partent en expédition sur Mars. Malencontreusement, pour éviter une météorite, ils épuisent leur carburant. L’un d’eux décède , donc Christophe demeure esseulé avec pour seule compagnie un singe.
Les évaluations les plus optimistes me laissent une cinquantaine d’heures à vivre
L'Exilé Martien
Le firmament cinématographique, constellé d'œuvres éphémères et de fulgurances passagères, est parfois illuminé par des astres dont la pérennité défie l'usure du temps. Parmi ces corps célestes, le long-métrage de Byron Haskin, Robinson Crusoé sur Mars, s'érige en un monument de la science-fiction surannée, dont l'éclat, bien que patiné par les décennies, conserve une prégnance indéniable.
Une Transposition Ingénieuse
La prémisse même de cette œuvre est une hardiesse narrative qui confine au génie : transposer le mythe rocambolesque de Daniel Defoe dans les immensités rubicondes de la planète Mars. Cette excentricité initiale, loin de n'être qu'un prétexte futile, tisse un canevas dramaturgique d'une richesse insoupçonnée. Le spectateur est d'emblée plongé dans un profond océan de solitude cosmique, où le silence assourdissant de l'espace confère une résonance quasi métaphysique à l'isolement du protagoniste.
Un Compagnon Inattendu et une Performance Captivante
L'intrigue déploie son charme vénéneux par le truchement d'une astuce scénaristique d'une finesse exquise : l'apparition d'un macaque, véritable sosie simiesque de l'infortuné Vendredi, avant qu'un être anthropoïde, résolument extraterrestre, ne vienne subvertir cette attente primordiale. L'artifice du primate, servant de catalyseur aux monologues intérieurs du héros, permettant au public de s'immiscer dans les méandres tortueux d'une âme confrontée à l'indicible vacuité. L'acteur principal, Paul Mantee, délivre une performance d'une intensité remarquable, supportant avec une prestance sidérante l'écrasante majorité du métrage sur ses frêles épaules, bien des lustres avant que Matt Damon ne vienne fouler, à son tour, le sol martien dans une entreprise cinématographique plus contemporaine.
Des Décors Saisissants
L'esthétique visuelle du film, loin d'être anecdotique, participe pleinement à son ensorcellement. Les décors naturels, capturés avec une virtuosité rare au cœur de la Vallée de la Mort, se muent en des paysages d'une étrangeté onirique, s'apparentant avec une troublante fidélité à l'imagerie fantasmagorique que l'on se forge d'une contrée extraterrestre. Ces panoramas telluriques, d'une aridité sublime et d'une désolation grandiose, confèrent une véracité saisissante à l'environnement martien dépeint.
Des Imperfections Tolérables
Néanmoins, l'éloge dithyrambique se doit d'être tempéré par une observation critique d'ordre épistémologique. Nonobstant ses indéniables qualités, le film ne peut s'affranchir de certaines inepties scientifiques, ces approximations regrettables qui, bien que pardonnables au regard de l'époque de sa conception, égratignent par intermittence l'enveloppe de crédibilité que l'œuvre s'efforce de maintenir. Ces licences poétiques, si elles ne sauraient altérer fondamentalement le plaisir du spectateur, demeurent néanmoins des scories dans le polissage d'une œuvre par ailleurs admirablement ouvragée.
Bref, cela demeure une proposition d'une richesse incontestable, un jalon incontournable pour quiconque s'intéresse aux prémices de la science-fiction au cinéma, et une démonstration éclatante de la capacité du septième art à transfigurer un récit immémorial en une épopée interstellaire.
Je me sens comme Christophe Colomb sur une terre étrange et nouvelle, pleine de… choses surprenantes et de découvertes nouvelles.