Gareth Edwards était un choix plutôt risqué pour Disney et ses réalisateurs de Marvellades interchangeables (à part Joe Johnston et James Gunn). Le type derrière le reboot de "Godzilla" avait écrasé la version Z de 1997 et auparavant réalisé le poétique et romantique "Monsters", sa version du lézard atomique faisait apparaître des fulgurances visuelles inédites malgré un script prédigéré par les studios. Cette fois, il s'attaque à la sacro-sainte saga stellaire piétinée par son autrefois visionnaire géniteur et le réalisateur du chouette "Super 8", hommage personnel aux studios Amblin et dont celui-ci était le seul vrai film de sa filmographie à franchises. Le réal-bankable a relancé la saga avec un épisode 7, pseudo best-of de l'univers de tonton Lucas en rameutant le casting d'origine, à mon sens la vraie raison du triomphe planétaire du film. Car oui, "le réveil de la force" est une vitrine terriblement convenue faite par un fan-made mais incapable de prendre le moindre risque pour ne pas froisser les geeks (ah cette trace de main ensanglantée sur le casque du héros, diable, c'était énorme!!). Edwards, c'est le Ken Loach de la force : mendiants, ex-détenus, personnages rebelles ambigüs, mercenaires, robots sarcastiques, stormtroopers traumatisés et torturés ; l'équation gagnante face aux orphelins mièvres, héros gouailleurs sans tâches, princesses, chevaliers valeureux, méchants "fils de" et autres protagonistes ripolinés façon Abrams. En plus pas de photocopie mais un vrai et audacieux prolongement visuel digéré par une mise-en-scène tout-à-fait personnelle. On lui pardonne des dialogues volontiers simplistes mais malgré tout les mêmes que l'univers de Lucas nous sert depuis des années. Extérieurement, exit la blancheur immaculée des décors Lucasiens et le matos nickel-chrome du père JJ, place à la crasse, aux villes coupe-gorge, aux ambiances mortifères, aux vestiges de chevalerie Jedi ensevelis, aux vaisseaux déglingués et rouillés et à une vraie réflexion sur le terrorisme. On pardonne du coup cette exposition foutraque et les coupes que le studio a dû faire sur certains personnages pourtant intéressants comme ceux de Forest Withaker et Donnie Yen et la BO ratée de Giacchino. En plus l'acte final est le plus spectaculaire de la saga depuis "le retour du Jedi" et sans conteste le plus intense depuis le film de Kershner sans oublier cette résurrection de papa Vador à la dernière séquence indélébile! A voir en VO d'ailleurs. Merci Gareth et bravo aux maquilleurs pour ces putains de sosies!!!