Une intrigue étouffée par ses ambitions mais une action et un final dantesques

Étant un fan de Star Wars, faire un nouveau film sur la licence pour raconter une histoire que je connais déjà me laissait à la fois sceptique et enthousiaste, sceptique parce que ça sent clairement le film de commande pour faire patienter entre deux films plus ambitieux (les épisodes VII et VIII), enthousiaste parce que c’est Star Wars tout de même et qu’on peut faire de très belles choses même d’un film de commande. C’est donc en ne sachant pas vraiment à quoi m’attendre que je me suis rendu en salle et c’est après un second visionnage que je vous livre ma petite critique après tout le monde mais c’est pas grave.

Si à mon premier visionnage j’ai eu le sentiment d’être un peu perdu sans raison dans la première partie du film avec plein de personnages inédits à peine à l’écran sitôt disparus pour laisser place à un autre, ce sentiment je l’ai moins retrouvé à mon deuxième visionnage où je savais bien qui était qui et quelles étaient les relations entre eux donc c’est pas totalement illisible mais même dans ce contexte je trouve que c’est assez confus pour pas grand chose. C’est au moins prétexte à enchaîner différentes planètes dont les décors variés claquent bien mais le problème de rythme et de lisibilité reste entier.

La scission de la rébellion entre Saw Gerrera et l’alliance que nous connaissons n’apporte pas grand chose au récit par exemple, elle n’est pas très exploitée et au final je me demande s’il n’aurait pas mieux fallu en faire abstraction pour rendre le récit plus clair au lieu de développer un arc narratif secondaire qui se conclut beaucoup trop vite pour que j’ai le temps d’y développer un minimum d’implication. Il y avait sans doute matière à faire quelque chose avec ça mais là c’est pas assez développé pour être très intéressant et un peu trop présent pour gêner le rythme de l’intrigue majeure du film, une position bâtarde pas terrible.

Ce n’est pas le seul écueil du scénario avec des personnages un peu trop nombreux pour un film de deux heures et du coup assez peu travaillés, à part la relation entre Jyn et Cassian qui a droit à plusieurs scènes efficaces et le droïde K-2SO qui fait un comic relief sympa, notre équipe de héros est composé de personnages que je qualifierai d’oubliables. Mads Mikkelsen en Gallen n’a pas le temps de rattraper le truc non plus, bref c’est pas vraiment la joie de ce côté-là, c’est pas catastrophique du tout mais ça aurait pu être largement mieux à mon avis si les scénaristes s’étaient concentrés sur leurs personnages principaux.

En revanche, j’ai trouvé la fin proprement géniale, cela faisait un moment que j’avais pas été aussi happé par un film. Sans vous dévoiler quoi que soit, la musique, le décor, la gravité de ce qui se passe me laissait presque avec une larme au coin de l’œil avant d’être collé au fond de mon siège avec des frissons en sentant ce qui allait se produire au climax final qui figure pour moi dans le top 5 de mes scènes préférées de la saga au cinéma rien que ça. Et ça a marché sur moi au premier et au second visionnage, donc le film a des défauts mais rien que cette fin incroyable me les fait oublier.

J’ai bien aimé les petits easter eggs à la saga ici et là, je ne trouve pas qu’il y ait d’abus à ce niveau-là comme certains ont pu le relever. L’imagerie de synthèse pour Tarkin est assez bluffante, et ça dépasse le cadre de l’easter egg parce que le personnage est suffisamment impliqué dans l’intrigue et quand je regarde Star Wars IV maintenant je me souviens de son passé dans Rogue One et met plus de sens sur certains choses, efficace donc cet aspect 3.5 / prologue du IV est plutôt réussi.

L’action est très bien filmée la plupart du temps avec une bataille finale très longue, bien montée entre le combat dans les airs et sur terre, montrant bien l’écrasante force des AT-ATC de l’empire tout en montrant que la ruse façon guérilla des rebelles peut leur permettre de rééquilibrer les choses, l’état d’esprit des batailles de Star Wars est très respectée. Par contre, la rébellion est montrée plus sombre que d’habitude, on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs et ça c’était un peu oubliée dans la trilogie originale, c’est un parti pris que j’apprécie d’autant que là on est dans un spin-off donc ce genre d’originalité y a toute sa place.

On a ce que je considère comme étant des vrais problèmes de scénario et de rythme qui sont quand même un minimum handicapant mais à côté de ça on a de l’action très bien rendue, des panoramas aussi variés que magnifiques et surtout une fin absolument incroyable. Cette dernière me fait oublier les défauts et lacunes que je reconnais sans peine mais qui ne m’empêchent pas d’apprécier grandement ce Rogue One qui n’est peut-être qu’un film de commande imparfait pour fans mais que j’ai quand même sincèrement apprécié et que je recommande.