Rollerball
6.8
Rollerball

Film de Norman Jewison (1975)

Panem, Circenses... et patines volubiles !

Dans un future proche, après une série de guerres, les gouvernements et les Etats n’existent plus. La Terre est contrôlée par un groupe de méga-entreprises, les notions de salarié et de manager ont remplacé celles de citoyen et d’élu. Les guerres et les maladies ont été abolies. Tandis que la liberté et la connaissance ont été sacrifiées, au profit d’un confort matérialiste. C’est dans cet univers que règne le Rollerball, un sport violent qui sert entre autres à canaliser les foules, et dont Jonathan est l’une des stars…


« Rollerball » fait partie de la vague des films d’anticipation sombres et politiques des années 70. Comme beaucoup de ses compères, il ne manque pas d’idée, et tacle les dérives de l’époque… qui sont toujours d’actualité ! Excès du consumérisme effréné, toute puissance des entreprises, et surtout sport-spectacle avilissant (célèbre doctrine « panem et circenses »). Sur le fond, le film de Norman Jewison est donc intelligent et toujours percutant.


Cependant, sur la forme, c’est en réalité presque deux films différents que l’on nous offre. A l’image de la prestation de James Caan, athlète déchaîné sur les pistes, et très sobre hors du jeu. Il faut bien admettre que les séquences hors du stade, si elles proposent un contenu pertinent et des décors sympathiques, ont tendance à être un peu molles. La faute notamment à une utilisation extensive du zoom / dézoom lent. Ce procédé, très à la mode à l’époque, fonctionne bien sur des scènes un peu contemplatives, mais n’est pas vraiment approprié pour des passages censés être tendus.


L’autre souci est une intrigue qui a tendance à patiner (ho ho !) dans son acte central. Sommé de quitter son sport fétiche, Jonathan ne comprend pas cette décision, et va chercher d’où elle vient. Mais cette quête est répétitive, Jonathan rabâchant ses questions sans vraiment trouver de réponses. En résulte un rythme mou, ce jusqu’à une révélation finalement assez simple :


le Rollerball sert à canaliser les foules, mais aussi à démontrer que l’individualisme ne fait pas le poids devant les règles du système. Révélation que notre héros expérimentera sans la connaître !


Heureusement, c’est sans compter le « deuxième » film : les séquences de Rollerball ! Particulièrement réussies, qu’il s’agisse de la conception efficace du jeu, de la violence percutante déployée à l’écran, des règles qui tendent crescendo vers le combat de gladiateurs, du gros travail des cascadeurs, ou d’effets de mis en scène bien vus. Ce n’est pas un hasard si le film s’ouvre et se termine par ce jeu mortel, avec notamment ce plan d’introduction où un stade sinistre se remplit peu à peu au son de la musique de Bach.


On ne s’étonne guère que ce sont ces passages qui viennent en tête quand on pense au film. A noter que celui-ci fera par ailleurs l’objet d’un affreux remake dans les années 2000…

Redzing
7
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le 8 août 2020

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Redzing

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