Fight the Powell

Quatre ans sans un film d'Edgar Wright c'est long, mais que voulez-vous ça fait partie des conditions incluses dans le contrat de confiance avec le réalisateur depuis son lancement. Il faut recharger les batteries, choisir les projets avec soin et les mener à leurs termes, accepter les compromis pour éviter les compromissions. Running Man c'est un peu son Ant-Man s'il avait été achevé. Une marque (Stephen King), un gros budget (110 millions, le plus élevé de sa carrière) et une star pour porter le bouzin. À l'écran, c'est du Wright pur jus. Un rythme ultra pêchu, des petites idées visuelles ici et là, un zeste d'humour et une grande générosité dans l'action. Le film n'a aucun mal à faire oublier le navet avec Schwarzenneger, même si certains designs renvoient aux années 80 (les K7 à envoyer, l'architecture brutaliste de Co-Op City). Évidemment, le réalisateur se fait un méchant plaisir de tirer à boulets rouges sur les émissions de divertissements, dont l'irresponsabilité, la bêtise et l'importance dans l'espace public rappellent qu'on en est pas si loin à l'heure actuelle. On parle quand même de chaines télés qui se servent des plus désœuvrés, manipulent les participants/cobayes, truquent les images pour fabriquer les opinions, attiser les violences voire pire,...Oui, on en est pas si loin. Running Man est d'ailleurs plus à son aise pour les dénoncer que pour retourner la table. Le dernier tiers retombe dans un schéma très programmatique à la fois convenu et confus. La résolution ressemble plus à une case cochée dans le cahier des charges qu'à un dénouement logique à toute cette aventure. Il est également regrettable qu'en dehors de Glen Powell (très bien, d'ailleurs), les seconds-rôles n'arrivent jamais à exister vraiment. La plupart ne sont là que pour cinq minutes et n'ont pas grand impact sur le reste, pour certains ça relève presque du caméo (William H. Macy par ex). Malgré ces décisions inhabituelles ou peu convaincantes pour du Edgar Wright, on a jamais l'impression que le réalisateur s'est fait saboter en cours de route. Et puis comment refuser un film d'action quand il est bien troussé, l'année n'a pas été très productive à ce niveau.