Cinquième long-métrage d’Ivan Reitman, déjà habitué des comédies, Ghostbusters a été écrit par deux de ses acteurs principaux : Dan Akroyd et Harold Ramis. C’est, encore aujourd’hui, un des meilleurs films du réalisateur, toujours aussi drôle trente ans après, où le rire absorbe le spectateur sur un rythme endiablé, une construction solide et délirante de sketches emboités, qui se nourrissent d’une séquence à l’autre, pour faire monter la sauce angoissante et effroyable d’un humour sans relâche. Comédie romantique à frissons, Ghostbusters a l’aura magnifique d’un film culte sans le poids du cours magistral.



Pur divertissement : sérieux, s’abstenir.



Après la lente et inoubliable séquence d’ouverture dans la bibliothèque hantée vient le plaisir du générique sur cette chanson mythique, où l’on retrouve le professeur Venkman, Bill Murray, docteur en parapsychologie, peu sérieux et dragueur, en pleine expérience humaine. Bientôt rejoint par Ray Stantz, Dan Akroyd surexcité, ils prennent le chemin de ladite bibliothèque pour enquêter avec leur collègue Spengler, Harold Ramis impeccable d’abstraction au réel : en quelques minutes, trois caractères bien distincts sont dépeints, clairement et avec justesse. Cette ouverture est impressionnante d’efficacité, et quand bien même la pilule surnaturelle pourrait être difficile à avaler, l’humour décalé et cynique de Venkman facilite l’intégration dans le réel de ces évènements paranormaux.



Je ne dirais pas que l’expérience soit complètement négative.



Le retour à la réalité voit les trois scientifiques farfelus renvoyés de leur confortable poste à l’université, et dans la foulée, le jeu sur les différences fondamentales de caractères du trio continue lorsque Venkman persuade Stantz d’hypothéquer sa maison familiale pour financer leur improbable projet commun : celui de monter leur entreprise de chasseurs de fantômes.


Une gargouille surplombe les rues de New York, Dana Barrett, Sigourney Weaver, apparait en plongée, rentre dans l’immeuble. Où elle croise Louis Tully, Rick Moranis, dans le couloir, et



l’efficacité narrative de la mise en scène continue de s’affirmer :



en une très courte séquence, deux nouveaux caractères se dessinent. Tout va très vite, rien de superflu : après un échange sur la télévision qui s’allume toute seule, Dana tombe sur la publicité des chasseurs de fantômes en pénétrant dans son appartement. Et comme une évidence, c’est déjà la première scène, bien flippante cette fois, de la cuisson des œufs sur le plan de travail de la cuisine.
Installation des bureaux, apparition de la voiture, et Denise à l’accueil, secrétaire non concernée, un sketch encore. Dana débarque, Venkman s’envole :



Je suis Peter Venkman, je peux vous aider ?



Retour à l’appartement de Dana, fausse enquête et nouveau numéro de Venkman jusqu’à l’impromptue déclaration d’amour, puis mise en place du running gag de Louis coincé dans le couloir derrière sa propre porte. Un gag simple mais irrésistible tant Rick Moranis est la perfection de cette bêtise directe et sans projection.


Premier appel, première sortie d’Ecto1.



Alors, quelqu’un a vu un fantôme ?



Le rythme du métrage se cache dans les plus infimes détails qui, tous, participent de l’essentiel : le scénario, simple et sans détour, laisse l’espace nécessaire aux dialogues et à la comédie. Tout le temps. La mise en scène, tout au long du film, met en valeur l’hilarité des séquences plus que la continuité du récit, sans pour autant se laisser dépasser. Ainsi, plutôt que de s’y attarder, la réussite du trio est ainsi clipée, en musique, autour d’interviews, de promotions et d’articles de presses – jusqu’au moment narratif intéressant : le recrutement de Wilson, quatrième homme – avant de se recentrer sur la relation de Venkman et Dana, véritable moteur de l’histoire. Dès lors, les évènements s’accélèrent encore avec les premiers soucis de confinement des fantômes et l’irruption de Walter Peck, du service environnement de la ville, décidé à fermer leur petite entreprise. Tout est enfin là pour accéder au véritable cœur du film dans l’immeuble habité, avec la soirée de Louis et l’invitation chez Dana, et le début de deux terrifiantes possessions. Un grand moment de cinéma encore, où



le bel équilibre entre la comédie et les frissons



tient le spectateur en haleine sur deux plans à la fois.




  • Ne jamais croiser les effluves.

  • Pourquoi ?

  • Ce serait mal



Au bord de l’anéantissement du monde, les quatre chasseurs se retrouvent un moment en prison – le temps de bien étudier les plans de l’immeuble et de développer la théorie centrale sur les évènements en cours – avant de rencontrer le maire et d’accepter leur mission de sauveurs de New York. Au pied de l’immeuble, quelques faux raccords lumière entre un ciel sombre et menaçant et la foule massée au sol dans le vent, une séquence catastrophe injustifiée et inutile – effet d’angoisse sans prolongation – et des effets spéciaux moins propres que depuis le début. Est-ce que le récit va trop loin dans la menace ? Fallait-il meubler dix minutes ? Petit passage à vide avant l’affrontement final et la résolution, dommage.



Il faut croiser les effluves !



L’ode à New York, vite fait, nous promène autour de Central Park, dans une ville cosmopolite à la population positive et volontaire. Le message de la comédie est léger, l’amour tient à peu de choses, à quelques accidents, et



seul le rire compte.



C’est d’ailleurs lui qui tient le métrage, compression inégale de sketches irrésistibles et de dialogues improbables. Ghostbusters y puise sa solidité, son efficacité, et les comédiens, évidemment, y sont pour beaucoup. Sketches, numéros comiques basés sur la situation, sur les dialogues ou sur le caractère de tel ou tel personnage, tout est dans le décalage et, si les frissons ne sont pas absents, c’est bien le rire qui porte le spectacle et qui donne au film ce relief si particulier.
Inégalable et, du coup, inégalé.

Matthieu_Marsan-Bach
7

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Créée

le 3 janv. 2017

Critique lue 240 fois

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