"Saani Kaayidham" : La vengeance comme une descente aux enfers !

"Saani Kaayidham" : La vengeance, une descente aux enfers.

Le film "Saani Kaayidham", réalisé par Arun Matheswaran, se démarque des narrations de vengeance habituelles, s'affirmant comme une œuvre d'une brutalité et d'une profondeur psychologique exceptionnelles.

Loin de toute glorification de la vengeance, ce film explore, avec une esthétique crue et minimaliste, les effets dévastateurs de la violence sur la psyché humaine, soulevant ainsi la question complexe de la justice lorsque l'ordre établi est défaillant.

La puissance de ce long-métrage réside dans sa réalisation audacieuse et épurée. Arun Matheswaran opte pour une photographie en noir et blanc désaturée, conférant à l'œuvre une dimension documentaire sombre et une intemporalité marquante.

Les plans fixes et larges accentuent la désolation des paysages, tandis que les gros plans révèlent l'intensité émotionnelle des personnages. L'utilisation mesurée de la musique et du silence renforce cette atmosphère pesante, laissant les actions des personnages, plutôt que la narration, porter le poids de l'histoire.

Au centre du récit, on observe la transformation profonde de ses protagonistes. Ponni, initialement dépeinte comme une policière intègre et une mère attentionnée, est confrontée à un traumatisme qui la conduit à délaisser ses principes moraux et à adopter la violence qu'elle était censée combattre.

Son parcours croise celui de son frère, Sangayya, un individu marginalisé et déjà affecté par son passé, qui trouve dans la vengeance une source de motivation et une raison d'exister.

Leur relation symbiotique, empreinte de toxicité, se consolide à mesure qu'ils s'enfoncent ensemble, chacun validant et justifiant les actes violents de l'autre.

Ce film souligne l'échec d'un système judiciaire corrompu et insensible, incitant Ponni et Sangayya à se faire justice eux-mêmes. Toutefois, cette quête ne procure aucun réconfort, mais plutôt une descente aux enfers.

L'idée du film est d'illustrer que la vengeance, et loin d'être une libération, c"est une force destructrice qui laisse les personnages brisés et hantés par leurs propres actions.

L'épilogue de cette narration ne se limite ni à une résolution positive ni à une glorification de la justice restaurée, mais s'articule plutôt autour de la destruction intégrale des personnages principaux.

La vengeance, loin de procurer la sérénité, les consume. Ponni et Sangayya, après avoir mené à bien leur quête vengeresse, ne retrouvent pas leurs existences antérieures. Au contraire, ils sont contraints à la fuite, traqués, et se retrouvent dans une situation encore plus précaire.

La mort de Sangayya constitue l'apogée de cette descente aux enfers, le personnage ayant atteint le terme de son existence en marge de la société. Ponni, quant à elle, se retrouve seule, brisée et hantée par ses propres actes.

Le film se clôt sur une note tragique, laissant les spectateurs perplexe quant à la nature de la justice et aux conséquences irréversibles de la violence.

La finalité n'est pas la rédemption, mais le châtiment, non pas de leurs ennemis, mais d'eux-mêmes.

DirtyVal
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le 12 sept. 2025

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