Le Monde du Silence

Dans un futur (très) proche, la population mondiale a été éradiquée par des créatures sans nom ni origine connue. Celles-ci ne réagissent qu'à l'écho-localisation (comme les chiroptères) et comme vous le savez déjà, l'Humain est tout sauf silencieux dans son mode de vie...

C'est dans cette atmosphère lugubre que survit une famille, en plein milieu de la campagne. Et cela va de soi, ceux-ci ont appris à vivre sans bruit aucun en utilisant des stratagèmes adéquats (sentier recouvert de cendres pour amortir le bruit et langages des signes pour communiquer).
Mais bien sûr, ils vont finalement être confrontés à cette peur indicible que sont ces créatures...

Premier constat, un film silencieux, ça fait du bien ! De la sorte, la menace n'en est que plus frappante...

John Krasinski dirige (et interprète le premier rôle masculin en même temps) donc sa femme Emily Blunt, ainsi que 4 enfants que je ne connaissais pas avant ce film.

L'interprétation est de qualité :

-Krasinski est convaincant en père attentif mais ferme,
-Blunt apporte son talent déjà reconnu,
et c'est surtout l'occasion pour moi de découvrir Millicent Simmonds (je n'ai pas vu Wonderstruck, son premier film), une jeune actrice sourde depuis l'âge de douze mois. De fait, c'est celle-ci qui a participé (avec un professionnel) à rendre authentique le langage des signes de toute la troupe d'acteurs.

La réalisation :

John Krasinski sait non seulement jouer la comédie, mais de plus il est plutôt doué derrière une caméra. Sa vision du film se traduit par une mise en scène discrète mais efficace. Pas de plans qui en mettent plein la vue, mais sa caméra capte le récit avec une certaine intelligence.

Les SFX:

Le duo Jeffrey Beecroft/ Scott Farrar nous livre des créatures intrigantes (bouche et dentition rappelant Venom, des ouïes "chiroptériennes", un visage à géométrie variable convoquant les vampires de Blade II, des membres rappelant ceux des Arachnides de Starship Troopers, où Farrar officiait déjà) et le tout n'aurait nullement dépareillé dans Cloverfield (dont il fut question d'attacher ce film à la franchise, avant que la team de production ne préfère laisser A Quiet Place voler de ses propres ailes).
Bref, c'est plutôt réussi !

L'utilisation du silence comme gimmick principal apporte une touche de fraicheur supplémentaire, distillant une angoisse sourde ( sans mauvais jeu de mot ) tout au long du métrage.
Le thème de la famille est agréablement développé (on n'est pas chez Disney ou dans un blockbuster lambda et ses familles stéréotypées) et suffisamment crédible pour que l'on s'y attache rapidement.
Même si le déroulement de l'intrigue ne laisse pas toujours de surprise (vous devinerez peut-être certains évènements avant que ceux-ci n'arrivent), ce troisième film de Krasinski fait du bien à voir et de par son sujet, son silence (essayez donc de vivre sans faire un bruit !), ses personnages réduits et son utilisation de CGI très parcimonieuse (oublié toutes les "Marvelesqueries" ou autres "Transformerisations" à outrance).

En un mot comme en cent, un très chouette film ! Et au vu de la fin "badass", je suis client pour une suite (qui est déjà prévue par la production, au vu de la rentabilité de ce film : 17M$ de budget pour des recettes dépassant les 240 M$...)