(Attention: critique truffée de spoiler)




  • Alors quoi de neuf ?


  • Oh eh bien rien de nouveau tu sais.




Si le premier opus engageait le dialogue avec le second, cela ressemblerait probablement à quelque chose dans ce style.


Vous pourriez alors me dire en toute légitimité: « Non… Mais ce n’était pas si mal. Vraiment Marine, tu exagères… On entend du Franck Sinatra, on voit la barbe blanche de Cillian Murphy, Djimon Hounsou porte même un très joli pull (je vous lance de suite un regard outré grâce à mes gros yeux ronds avant que vous enchaîniez)… Mais si si, je t’assure, il est vraiment très joli, il ressemble à celui que nous a tricoté la tante Imogène. »


Et vous auriez raison (sauf pour le pull, qui a - sans aucun doute - une part de responsabilité dans la mort surprenante et quasi instantanée du pauvre bougre, en bref: merci tata Imogène): ce n’était pas si mal mais c’était loin d’arriver ne serait ce qu’à l’exterius (nom savant du petit orteil) du premier volet, qui lui m’avait laissé admirative, éblouie, subjuguée, ou plus simplement: sur le cul.


Pourquoi tant de hargne envers une œuvre qui n’est pas si mal alors ?
Parce que.



  • Parce que le premier volet était beaucoup trop bien pour avoir le
    droit à une suite “pas si mal”.

  • Parce que le film ne fait que ressasser le même constat.

  • Parce que les seules intrigues nouvelles ne sont ni approfondies, ni
    abouties. Big up à cette fin qui illustre à merveille l’expression:
    “Se finir en queue de poisson”. Et je ne parle pas d’un joli Saumon,
    ou d’une Truite Fario sauvage. Là on serait plutôt sur un Merlan pas
    frais ou un anchois sur une pizza: c’est de mauvais goût et ça hume
    le divertissement à deux balles. Enfin…61 millions de balles pour
    être exacte, 44 millions de dollars de budget en plus que le premier
    opus et pourtant… Et pourtant, force est de constater que ce n’est
    pas vraiment très très fameux. Comme quoi l’argent n’est pas toujours
    gage de qualité.


Le second volet sent (à plein nez) le réchauffé. On prend ce qui marche, on secoue, on recommence.


Exemple numéro un: La fameuse queue de poisson. Il y en avait une aussi dans le premier: sauf qu’elle était belle cette fin abrupte. Elle était poignante, saisissante, elle nous balançait à la face un glorieux: “Maintenant, on va se battre.”. Alors que cette dernière m’apparait seulement sous le nom de “bankable”: on va attirer un max de zozos (dont je ferais sûrement partie d’ailleurs je vous rassure…) avec une fin prématurée pour un troisième démarrage de folie au box office, youhou.


Exemple numéro deux: Le récapitulatif en ouverture. On nous montre le premier jour, celui où tout a basculé, celui où de grosses bébêtes ont débarqué. Moi la première, je l’avoue, étais heureuse de revoir ce super papa dont la disparition avait été tragique pour mon petit coeur et moi. Et puis regarder cette famille au bon vieux temps, voir Evelyn Abbott hyper sereine dire à son fils en langage des signes: “Respire”, c’est beau, c’est hyper touchant. Non, non… C’est vrai ça vaut le coup d’oeil. Mais il faut être objectif: qu’est ce que l’on apprend ?
Que cette famille est géniale ? On le sait déjà.
Que des extra-terrestres ont débarqué ? On le sait déjà.
Qu’ils sont sensibles au bruit ? Devinez quoi… ON LE SAIT DÉJÀ.


Les logiques me scanderont: “Voyons mais c’est le propre d’un récapitulatif: on rappelle les évènements passés”.
Moi je leur dis haut et fort: JE N’AIME PAS LES RÉCAPITULATIFS.
Pas au cinéma saperlipopette.
Là j’ai eu l’impression d’entendre le type qui dit au début de l’épisode 45256: “Previously on Walking Dead” et ça se justifie à la limite au vu du nombre improbables d’épisodes. Là on a eu UN volet, un seul.
Non mais c’est quoi ces manières de prendre le spectateur pour un débile amnésique ? D’accord il faut faire des sous, il faut payer tous ces gens géniaux qui ont participé au film et faire du benef’, donc attirer un maximum de monde y compris le cousin Bernard qui n’a jamais vu le 1, mais quand bien même, nous sommes en droit de demander, nous fidèles spectateurs du premier volet, un peu de croustillantes nouveautés non ?
Ne me regardez pas comme cela. Non, pour moi, voir Cillian Murphy apprendre le signe “Plonger” ne me suffit pas. Bon allez, je suis mauvaise langue… C’est toujours mieux que rien. Je reste néanmoins sur ma position initiale: d’accord pour un flash back, pas d’accord pour un simple et banal récapitulatif, ce n’est -selon mes principes- pas digne du cinéma, pas traité comme cela en tout cas.


Troisième exemple (qui est en fait un contre-exemple mais qui faisait classe dans ma synthèse): la gestion du son. Un parti pris génial, grandiose, ouffissime, qui rendait à mes yeux le premier volet hors du commun.
J’en ai mangé des films apocalyptiques mais de ceux qui me sont restés en mémoire comme étant adroits et surprenants il n’y en a pas des tas et Sans un Bruit 1 en fait partie.
Grâce au mixage et au montage son, on se retrouve oppressé par du rien, assourdi par du silence, anxieux de la feuille morte qui craque sous le pieds, attentif au moindre signe, happé au moindre mot.
On se surprend même à chuchoter tout bas à son voisin sur le canapé: “tu peux me passer l’eau s’il te plaît” et à ne pouvoir reprendre un niveau sonore de discussion convenable qu’après la fin du film.
Dans le silence, le premier volet a retenu toute mon attention, a garanti ma totale immersion.
Le second, et vous vous en doutez: moins.


On ne traite plus du tout le son de la même manière: les échanges prennent souvent le pas sur un passé silencieux. Ce qui somme toute est dans la logique de la trame narrative: nos protagonistes rencontrent de nouvelles personnes, sortent de leur autarcie (un des points le plus intéressant du film) donc forcément… Ils parlent (mieux je ne crois pas au vu de la banalité et/ou de la mélo-dramaturgie frisant l’hystérie de certains échanges mais d’avantage en tout cas). Malgré tout, ils ont voulu nous refaire à quelques reprises la “recette silencieuse” si caractéristique du premier.
Je pense notamment à ce moment où Regan (la fille ainée) se réveille seule, sans son appareil auditif, dans la station d’une gare ferroviaire, pensant avoir été abandonnée par Emmet (Cillian Murphy). Elle est paniquée et dorénavant désarmée face à sa quête de l’île “Beyond the sea”.
Et là paaaf (ça fait des chocapics) plus aucun son à l’image.
Je dois bien vous avouer avoir un sentiment partagé à propos de ce silence.


Rappelons que son appareil auditif permet (à une certaine fréquence) de déranger (plus que de paralyser) les extra-terrestres mais qu’il ne lui a jamais permis d’entendre. C’est d’ailleurs un des sujets qu’aborde le premier volet: malgré d’innombrables tentatives, elle reste sourde. Alors pourquoi nous infliger le silence ?
Moi je l’ai d’abord interprété comme un malvenu: “Oh mon dieu Emmet a pris son appareil auditif, elle ne peut plus rien entendre.” alors que ce n’est pas du tout le cas.
Je suis bien au courant que l’effet escompté de cette scène est la panique et la trahison mais ce n’est pas le silence qui la désarme, c’est l’absence de son appareil auditif et sa capacité à rendre notamment tout-chose ces choux-fleurs de l’espace. Donc… J’étais sceptique.


Mais par la suite, patati patatra, les pieds d’Emmet (Memet' pour les intimes) sont apparus et mon petit coeur a fait boom-boom en entendant le son revenir en même temps que lui.
Ça c’était cool !!
Ça c’était un parti pris qui a mis en évidence une idée géniale: la personne qui est aux côtés de Regan pallie en quelque sorte à sa surdité. Donc, lorsqu’elle n’est pas seule, nous, spectateur, entendons. Ce qui illustre cette belle notion du: Ensemble on est plus fort.
Mais du coup…….. Eh bien j’aurais aimé avoir ce parti pris du « sans son » (et je ne parle pas de Véronique. LOL) à de plus nombreuses occasions lorsque Regan est seule.


À contrario, lorsque Emmet se retrouve sur l’île, à contempler, ébahie un groupe bavardant tranquillou autour d’un feu de camps: j’aurais adoré une explosion de sensations auditives.
Le gars est quand même face à un événement incroyable, improbable au coeur de cette univers apocalyptique et silencieux. Alors pourquoi ne se contenter que des images et reléguer le son au second plan ? C’était pourtant cela la plus grande force du premier volet: jouer subtilement, j’oserai même un: “parfaitement” avec les deux.


J’ai ressenti comme un arrière goût d’inachevé, d’incomplet et de pressé derrière ce film qui n’arrive pas à l’hallux (celui là, c’est le gros orteil) de son prédécesseur.


Je souligne néanmoins le jeu des acteurs: impeccable. Emily Blunt est toujours aussi saisissante et juste dans chacun de ses personnages, Evelyn Abott n’y fait pas exception. Je salue également le réalisateur, acteur et l’un des scénaristes: John Krasinski. Il a réalisé un premier opus génial et je ne peux en vouloir à Sans un Bruit d’avoir été très certainement victime de son propre succès.


Car après tout, ce film: “il n’est pas si mal”.


PS: Toutes mes excuses à ceux qui aiment les anchois sur leur pizza.

marine-v
5
Écrit par

Créée

le 18 nov. 2021

Critique lue 231 fois

marine-v

Écrit par

Critique lue 231 fois

D'autres avis sur Sans un bruit 2

Sans un bruit 2
-Thomas-
7

La séance est ouverte

En anglais « A Quiet Place », titre du film en v.o., signifie un endroit silencieux dans le sens premier que cette série de films entend lui donner. Il faut en effet être aussi peu bruyant...

le 30 mai 2021

28 j'aime

5

Sans un bruit 2
Star-Lord09
4

Monsieur Propre (Garanti sans spoils et sans bruit)

La grosse claque au box office US est là. Avec 50 M de dollars engrangés le week end dernier, Sans un bruit 2 rassure l'industrie sur le plan économique mais grimace lorsqu'il s'agit de renouveler le...

26 j'aime

8

Sans un bruit 2
LeTigre
5

Vivre avec le silence !

Le premier m'avait bien marqué pour son histoire originale et son concept bien développé, même si je lui avais reproché d'un certain manque d'exploitation et d'une légère simplicité dans la...

le 6 mars 2022

21 j'aime

10

Du même critique

GLOW
marine-v
6

GLOW: Les paillettes dans ma vie

Ce matin, j’ai regardé le dernier épisode de la troisième saison de GLOW. GLOW… ahhhhh GLOW ! Trois saisons et c’est toujours le même refrain pour moi, à savoir : Je pars en trombe de l’appart (car...

le 7 nov. 2019

3 j'aime

Sans un bruit 2
marine-v
5

Pas si mal

(Attention: critique truffée de spoiler) Alors quoi de neuf ? Oh eh bien rien de nouveau tu sais. Si le premier opus engageait le dialogue avec le second, cela ressemblerait probablement à...

le 18 nov. 2021