Véritable délire onirique émaillé de logorrhées artistiques, « Santa Sangre » d'Alejandro Jodorowsky propose de voyager tambour battant dans un tourbillon de démence à travers différents portraits dithyrambiques de l’anormalité et de la folie blasphématrice. A l’aide de cette entêtante musique névrotique, l’orchestre désaxé s’affole et noie le spectateur dans ce lieu de perdition humaine. Fort d’une théâtralité macabre, chaque personnage se veut volontairement excessif dans ses moindres faits et gestes et l’on assiste, impassible, au numéro sensationnel ultime.


Le métrage fait avant tout office de thérapie curative pour son réalisateur. Présentant son personnage principal comme un martyr dont l’enfance à été volée et dont le règne castrateur de sa mère se schématise à travers d’infernaux délires symptomatiques et d’immondes rêves putrides, Jodo exorcise dans la douleur ses propres maux. De sa propre enfance à son rapport à la religion en passant par le sexe et la violence, il livre une œuvre profondément personnelle et s'affranchit des codes sociaux et moraux de notre société.


Melting-pot de genres et de références cinématographiques, sublimé par une mise en scène et une direction artistique qui surlignent toute la poésie de cette relecture du complexe d’œdipe, le film offre un véritable condensé des obsessions d'un artiste multi-facettes. Il faut volontairement laisser l’âme humaine amarrée aux portes de la symphonie de l’absurde qui nous est présentée pour s'immerger dans une expérience sensorielle inoubliable. Avec « Santa Sangre » Jodo réalise un exemplaire grand écart entre les styles et avant tout un voyage intimiste dont on ne ressort définitivement pas indemne.

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le 17 août 2017

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