Au fil des ans, la franchise "Saw" a acquis une réputation désastreuse, traînant la patte dans des productions de plus en plus racoleuses, bas-de gamme, cédant à la surenchère inutile, délaissant le scénario au profit de la violence gratuite à peine justifiée, et se reléguant tout juste en tant que saga "plaisir coupable".


A la base de cette heptalogie, "Saw" premier du nom, est pourtant une petite révolution du genre et fait, encore aujourd'hui, l'effet d'une bombe. Car "Saw" est un excellent thriller bénéficiant d'une atmosphère anxiogène, d'une ambiance pesante , d'un twist ending imprévisible mais surtout d'un scénario qui tient la route.


Mix réussi entre "Se7en" (pour les motivations du tueur et ses procédés) et "Cube" (pour l'ambiance, le principe du huis-clos et les pièges), le film de James Wan nous présente deux intrigues en parallèle: La première se déroule pratiquement en temps réel tandis que la seconde est narrée à travers une série de flash-backs, qui laissent planer le doute sur l'identité du tueur, malgré les quelques indices disséminés par les ça et là par des scénaristes prenant un malin plaisir à brouiller les pistes. De ce fait, le thriller se dote de faux airs de film policier.


Ne s'abandonnant jamais au gore, "Saw" est d'ailleurs plus malsain que violent, en dépit de son ambiance sombre qui lui est conférée, toute aussi suffocante dans les scènes en huis-clos que dans les scènes antérieures et postérieures à l'intrigue principale. Les rares scènes de torture jouissent d'une caméra très nerveuse et d'un montage épileptique qui amoindrissent la violence de ces scènes-choc. Violence, qui ne chute pas dans la gratuité et qui est toujours justifiée au sein de l'intrigue.


L'on peut reprocher au film un jeu d'acteurs en berne (Leigh Whannell est meilleur scénariste qu'acteur) une réalisation clippesque par moments (dans les scènes en huis-clos, la caméra alterne soit des plans fixes, soit une caméra au poing, selon la prise de positions des personnages à laquelle elle s'adapte) qui s'opère donc surtout dans les scènes de torture, et un montage saccadé et spasmodique qui peut déplaire, fatiguer, voire lasser. Outre cela, "Saw" est un thriller machiavélique qui vous prendra aux tripes jusque dans son revirement de situation final, surprenant, et le tour de force est d'autant plus percutant, compte-tenu que ledit métrage n'a été tourné qu'en dix-huit jours et avec un budget d'un "petit" million de dollars. Captivant.

QuentinDubois
8
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le 19 mars 2017

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Quentin Dubois

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