Saw III est une suite efficace qui avait pour lourde tâche de conclure (à l'époque) la trilogie centrale en faisant le deuil de Jigsaw. Ce volet, de nouveau réalisé par Darren Lynn Bousman, se révèle ambitieux dans son écriture en tentant d'approfondir les motivations de John Kramer et d'Amanda. Le film se distingue par une ambiance profondément sombre et une tentative louable de lier émotionnellement l'histoire du tueur au puzzle à celle de Jeff, un père obsédé par la vengeance. L'intrigue centrée sur l'opération chirurgicale forcée de Jigsaw apporte une tension inédite et renforce la complexité du couple Kramer/Amanda.
Cependant, le film marque un point de bascule. Il s'éloigne définitivement du thriller psychologique pour s'ancrer dans le "torture porn" pur et dur.
Trois Défauts Marquants !
- Surenchère Gore et Gratuité : Le film choisit l'hyper-violence visuelle et l'horreur graphique comme moteur principal. Les pièges deviennent plus macabres que logiques, et la mise en scène tend vers la gratuité de l'hémoglobine, là où les précédents utilisaient le gore au service de la surprise.
- Un Personnage Principal Pénible : Jeff, la victime centrale, est un protagoniste peu convaincant. Son obsession pour la vengeance et son comportement lent et pleurnichard ralentissent le rythme et rendent l'empathie difficile, nuisant à l'enjeu dramatique de son "jeu".
- Twist Final Épais et Confus : Bien que la tradition soit respectée, le tour de force final est rendu lourd et laborieux par l'accumulation de rebondissements et de flashbacks. La complexité excessive de l'intrigue rend la révélation moins nette et moins percutante que celles des deux premiers opus.
Conclusion :La limite Atteinte
Saw III est une conclusion thématique réussie pour les arcs narratifs de John et Amanda, mais il atteint la limite du supportable en termes de violence et de densité scénaristique. L'émotion tente de prendre le pas sur la terreur, mais l'effet est mitigé par la brutalité gratuite et la faiblesse du protagoniste.
Un film qui ferme le chapitre sur une note sanglante, mais qui souffre d'un excès de zèle dans l'horreur.