Inspiré d’un scandale sanitaire qui a touché le Canada dans les années 70 où un médicament provoquait des malformations aux cerveaux des fœtus, le cinéaste le plus emblématique de la mouvance « body horror », David CRONENBERG obtient ici son premier budget important et développe un scénario de télépathes aux pouvoirs destructeurs.


Une entreprise a développé les « scanners » des êtres capables par la seule force de leur esprit de tuer ou de contrôler, mais lorsque elle s’aperçoit qu’une entreprise rivale a aussi développé ses propres scanners, bien plus puissant et dangereux que les siens, elle tente de rassembler tous les scanners afin d’éliminer le danger qu’ils représentent.


Cronenberg, a dans son cinéma toujours privilégier la science fiction établie à partir d’éléments scientifiquement existants, il n’y a pas chez lui d’entités maléfiques ou d’influences extra terrestres, l’horreur vient des conséquences d’expériences ratées, de la manipulation génétique, de la corruption lors d’essais cliniques avortés, de l’emprise d’une technologie sur nos sociétés, des ravages de la drogue. Cinéma très organique aux visuels forts et marquants, les textures très organiques, viscérales qui peuplent son cinéma, du moins celui de la partie dite « cinéma indépendant » en font une œuvre à la fois atypique mais fondatrice.


En revoyant récemment ce film, que je n’avais pas vu depuis très longtemps, je n’ai pas pu m’empêcher de constater, malgré les marques du temps qui laisseront les jeunes spectateurs de côté et qui lui rendent un aspect plutôt désuet, Vidéodrome (1983) son chef d’œuvre ayant bien mieux passé l’épreuve des annéess, à quel point ce film avait été fondateur, inspirant pour tout le cinéma de science fiction, horrifique ou pas des prochaines décennies. Un exemple parmi une quantité d’autres, le fait de pénétrer un réseau informatique par un téléphone publique, une idée qui sera reprise telle quelle par Matrix (1998), qui n’a décidément rien du film innovant.


Si le film reste intéressant dans son esthétique et ses thématiques, si la figure du méchant incarné par Michael IRONSIDE tient encore, si le scénario et l’écriture tout comme la mise en scène, développent des enjeux de plus en plus grands et que les deux révélations finales tout comme la conclusion spectaculaire font de l’expérience un moment encore agréable pour les fans du cinéma de Cronenberg.

Le reste de la distribution, les effets spéciaux vraiment dépassés, l’implacable patine du temps, lui nuisent un peu plus que sur ses films suivants.


A redécouvrir ou à découvrir pour son aspect de film témoin et fondateur ou par douce nostalgie.

Critique lue 17 fois

D'autres avis sur Scanners

Scanners
oso
8

Veuillez retourner le document

33 ans avant que Besson ne s’empare du sujet, pour en délirer une interprétation d’un niveau CM2, Cronenberg s’amusait à imaginer des mutants aux pouvoirs cérébraux dans Scanners, un film viscéral et...

Par

le 29 oct. 2014

44 j'aime

3

Scanners
SanFelice
8

Critique de Scanners par SanFelice

Scanners, c'est la première concession de David Cronenberg à un cinéma d'action plus commercial. Mais attention, qu'on ne s'y trompe pas, c'est du Cronenberg, intelligent, dérangeant, unique. C'est...

le 20 mai 2012

34 j'aime

Scanners
Dagrey_Le-feu-follet
8

Avant les X men, il y avait les Scanners...

La société ConSec cherche à regrouper les « scanners », des médiums aux pouvoirs surnaturels. Elle recrute Cameron Val, l'un d'entre eux, pour détecter tous les scanners qui refusent de...

le 20 août 2020

23 j'aime

11

Du même critique

Au boulot !
Spectateur-Lambda
6

Vu en avant première

On va tout de suite évacuer un truc, je suis une indécrottable gauchiasse et plus je vois l'état de notre société, plus j'affirme ma position politique et plus je trouve la droite dangereuse et...

le 5 nov. 2024

12 j'aime

1

Valeur sentimentale
Spectateur-Lambda
5

Critique de Valeur sentimentale par Spectateur-Lambda

Vu en avant première au cinéma Lumière Terreau dans le cadre de la sélection de films présentés au festival de Cannes 2025. Sortie salle en France août 2025.Parmi la sélection cannoise choisie par...

le 13 juil. 2025

11 j'aime

Elephant Man
Spectateur-Lambda
9

Critique de Elephant Man par Spectateur-Lambda

Alors que jusqu'ici David LYNCH n'avait réalisé que quelques courts métrages expérimentaux et un premier long métrage Eraserhead (1976) qui le classaient parmi l'avant garde artistique et lui...

le 3 oct. 2022

11 j'aime

5