À quoi bon ressusciter sur grand écran une licence culte des années 70 si c’est pour la dénaturer à ce point ? Scooby ! version 2020 est, à ce titre, encore pire que les deux films crapoteux de Raja Gosnell, dans la mesure où il prend soin de convoquer pendant son premier quart d’heure un univers pour mieux l’exagérer, le caricaturer et le vider de sa substance, lui proposant alors un substitut plus high tech mais sans âme. Le rythme fonce à toute allure sans tenir compte ni de l’ambiance nécessaire à chaque situation ni de la lisibilité des images ainsi montées comme sur pilote automatique ; ça crie, c’est laid, ça abrutit un spectateur ou trop adulte pour adhérer à un tel outrage ou trop jeune pour différencier ce qu’il a sous les yeux du tout-venant des productions actuelles. Lorsque Sammy offre à son chien le petit collier bleu – la domestication intervient après quelques minutes de film seulement –, on se dit que c’est le début d’une belle amitié ; rapidement, le collier devient le symbole d’un enchaînement à la bêtise qui écrase tout, sur la terre comme au ciel, oubliant au passage que l’intérêt principal de la série animée, exception faite de ses personnages iconiques, résidait dans la distinction entre l’authenticité du mystère et la propension de chaque créature à être démasquée et ainsi raccordée à son humanité. Ici, rien de sensible, rien de profond, sinon l’ennui qui s’installe sans tarder. Ni mystère, ni plaisir à démystifier. Des couleurs jetées sur des formes numériques sans relief.