Huis clos maritime

Co-scénariste du film Memories of Murder de Joon-Ho Bong il y a dix ans, Sung-Bo Shim laissait entrevoir l’envergure de son talent en offrant un des thrillers policiers les plus aboutis scénaristiquement parlant. Aujourd’hui, il ajoute une corde à son arc et entre avec Sea Fog dans le cercle fermé des réalisateurs talentueux sud-coréens.

Maitrisé d’un bout à l’autre, le réalisateur prend le temps d’installer ses personnages et son histoire, transformant le bateau petit à petit en antichambre de l’enfer. Le ton se métamorphose subtilement, partant d’un équipage tranquille en manque d’argent jusqu’à devenir la représentation même de la noirceur humaine. Malgré quelques touches d’humour et d’humanité en première partie, le récit prend un tout autre tournant dans la seconde et fait basculer ce drame social en huis clos haletant au suspens constant.

Terrifiantes de réalisme, les motivations individuelles de ces pêcheurs prennent naturellement forme pour être poussés jusqu’à leur paroxysme. Face à cela, on découvre le couple Park Yu-Chun/Han Ye-Ri, maladroit et touchant, qui incarne la lumière au milieu du brouillard. Atout rare et appréciable, chaque protagoniste, du capitaine au dernier matelot, a sa place dans la narration, évitant les défauts habituels des personnages secondaires sans reliefs.

Malgré quelques longueurs, Sea Fog marque l’émergence d’un réalisateur prometteur. Une plongée haletante et angoissante dans l’univers des passes clandestines.