Une vérité trop vraie pour être dite

En cette année de récession cinématographique, il est toujours agréable de tomber sur un petit film sans prétention et sur une sortie qui ne fait pas trop de bruit, mais qui s’avèrent une bonne surprise.
Secret d’état , un film de Michael Cuesta : encore une histoire vraie comme on les aime désormais, cela semble être devenu la règle.
Cette histoire, c’est celle de la CIA qui dans les années 80, alors que le Congrès réduisait les subsides, se mit à trafiquer de la drogue (en grosses quantités !) pour financer la guerre des Contras au Nicaragua pour déstabiliser le régime sandiniste.
Ou plus exactement, cette histoire c’est celle du journaliste Gary Webb qui, dix ans plus tard, au cours d’une enquête mineure sur des dealers de drogue de L.A. tombe sur ce qu’il pressent comme LE scoop, the big one.
En fait : une vérité trop vraie pour être dite, c’est ce qu’on essaye de lui faire comprendre, sans succès.
Il est têtu, intègre, opiniâtre, comme tous ces journalistes du fameux 4ème pouvoir qu’aiment à célébrer les états-uniens, sans doute pour améliorer leur karma après toutes les exactions et vilénies commises par leur gouvernement tout-puissant.
Mais on ne s’attaque pas impunément à la raison d’état, on ne crie pas impunément sur tous les toits une vérité trop vraie pour être dite. Une machine infernale (qui impliquera même ses propres pairs) va se retourner contre Gary Webb et finira par le briser (Gary Webb avait eu le Pulitzer quelques années auparavant pour un ouvrage collectif sans rapport avec cette histoire-ci).
Le titre VO est d’ailleurs : Kill the messenger …
Le film suit cette courbe tragique : l’enquête haletante, le scoop, la descente aux enfers, …
C’est tout le travail journalistique (et ses conséquences parfois dramatiques) qui nous est montré.
Ne manquez pas les toutes dernières images.
Attention spoiler (ne lisez pas ces toutes dernières lignes, si vous préférez les surprises, même si chacun peut découvrir sur le web la fin qui sera réservée à Gary Webb).
Le film se termine bien avant que Gary Webb ne soit retrouvé ‘suicidé’ de deux balles dans la tête (un garçon habile de ses mains sans aucun doute) et en guise de générique de fin, c’est un carton qui nous annonce cette fin dramatique … juste avant une petite vidéo du vrai Gary Webb avec ses enfants … exactement comme on vient de le voir tout au long du film avec l’acteur Jeremy Renner (excellent) : une façon émouvante et impitoyable de nous rappeler que ce n’est pas que du cinéma.
BMR
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le 30 nov. 2014

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