Gâtisme mièvre
C'est peu dire que la promesse du pitch "marxiste" (le droit des pauvres au luxe et à l'art, incarné par une aide-soignante dévouée qui vole parfois ses clients) n'est pas tenue. Pas de dialectique...
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le 3 févr. 2025
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Adapté par Frances Marion d'une pièce de théâtre, le film en reprend la structure en se divisant nettement selon trois parties :
1. Nouvelle Angleterre: la fille d'un riche magnat s'éprend du comptable. Ils s'enfuient au cours de la soirée où le magnat annonce le mariage de sa fille avec une huile locale.
2. Californie : installés dans une ferme avec bébé et serviteur, ils doivent lutter contre les voleurs de bétail. Au cours d'un affrontement dans la ferme assiégée, le bébé meurt.
3. Retour en ville : le mari a fait fortune et postule au rang de Gouverneur. La femme, désormais mère de trois grands enfants, tolère ses frasques conjugales jusqu'à ce que l'une des maîtresses, au cours d'une soirée, fasse un esclandre. Mis en demeure de choisir le mari tranche pour l'épouse compréhensive.
Final : les parents devenus vieux s'échappent de la surveillance oppressante des enfants en volant une voiture, pour vivre leurs "secrets" : ce qui, dans une vie de couple, échappe à la compréhension des autres, qui paraît peut-être égoïste mais relève d'un goût inentamé pour cette forme d'amour si chère à Borzage, "les amoureux seuls au monde envers et contre tout".
Le film a du mal à s'arracher à ses origines théâtrales, on ne reconnaît pas trop la marque du cinéaste dans ces plans frontaux et trop larges, plus descriptifs que suggestifs.
Mais :
- Quelques scènes s'impriment fortement : la première rencontre, elle en calèche, lui qui la double à vélo (et finit par tomber); l'évasion au cours de la fête (qui repose sur ce que Borzage fait de mieux : les gestes d'un couple, lui qui l'aide à s'habiller); la découverte par la mère que son bébé a reçu une balle perdue.
- Les articulations entre chaque époque s'appuient sur des ellipses foudroyantes : synecdoque (un plan de candélabre et les mains d'un organiste font office de mariage) ou montage à la soviétique (socs des charrues, arbres plantés, petits berceaux, enfants sur balançoires : 20 passent).
Tout ça fait un film honorable, d'autant que les acteurs s'en tirent très bien sur le vieillissement, qui est joué "véridique" en opposition au dispositif ouvertement artificiel du film (la division nette en 3 époques).
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de Frank Borzage
Créée
le 3 oct. 2025
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C'est peu dire que la promesse du pitch "marxiste" (le droit des pauvres au luxe et à l'art, incarné par une aide-soignante dévouée qui vole parfois ses clients) n'est pas tenue. Pas de dialectique...
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le 3 févr. 2025
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