Dans l'espace, personne n'entendra Abba.

Quelle tête en l'air, ce Matt Damon ! Non content de paumer son unité en pleine Normandie (ce qui peut cependant se comprendre vu le bordel ambiant) ou d'échouer en mer complètement amnésique (c'est bien pratique), il trouve encore le moyen de se perdre par deux fois dans l'espace. Deux fois, le gars ! A croire qu'il le fait exprès. Après avoir voyagé dans les étoiles sous la direction de Christopher Nolan, notre héros maladroit s'en va donc jouer les Robinson Crusoe pour l'adaptation du sympathique best-seller de Andy Weir.


Confié aux bons soins d'un Ridley Scott plus vraiment en odeur de sainteté auprès des cinéphiles suite à sa bonne grosse poignée de pétards mouillés (et en lieu et place de Drew Goddard, qui conserve son poste de scénariste), The Martian s'éloigne volontairement de l'ambition thématique et formelle des puissants Gravity et Interstellar qui l'ont brillamment précédé, pour proposer une sorte de blockbuster à l'ancienne, proche de ceux que l'ont pouvait apprécier dans les années 90.


Visiblement soucieux de respecter le réalisme scientifique du bouquin (à deux ou trois délires prêt), The Martian s'avère un divertissement fort agréable, relativement modeste dans son approche, conservant la force et la limite du matériau qu'il transpose. En lieu et place du survival âpre et vénère que l'on pouvait attendre, le film de Ridley Scott propose plutôt un feel-good movie extrêmement classique dans son déroulement, mais où les pointes d'humour bienvenues ne sabordent jamais une tension bien présente.


Bénéficiant de solides effets spéciaux plus d'une fois indétectables et de décors naturels absolument magnifiques, The Martian doit énormément aux épaules de ce cher Matt Damon, impeccable de bout en bout et foutrement attachant. Le reste du casting, prestigieux même si pas toujours très bien exploité, se montre également efficace même si l'on pourra déplorer une ou deux erreurs de distribution.


Solidement charpenté par un Ridley Scott s'effaçant derrière l'histoire qu'il raconte (et qui signe pour le coup son meilleur film depuis au moins Kingdom of Heaven), The Martian ne marquera certainement pas le genre de la science-fiction et demeure extrêmement classique. Mais ses belles images, sa bonne humeur communicative, ses effets spéciaux, son réalisme et sa tête d'affiche compensent allègrement ses défauts (rythme casse-gueule; 3D peu décisive; personnages trop nombreux) et en font un divertissement tout à fait agréable.

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le 5 avr. 2016

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Gand-Alf

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