In fine, le cinéma est un art, comme la peinture, la musique ou la poésie, la sculpture ou la danse. Un film plait ou ne plait pas parce que l'alchimie entre l'histoire, le jeu des acteurs et la réalisation (lumière, cadrage, musique...) prend ou ne prend pas. Et lorsqu'on a les 3 mis en oeuvre avec une telle maitrise, on se trouve en face d'un chef d'oeuvre du cinéma américain. Dalton Trumbo (en tête ou presque de "la liste des 10 d'Hollywood") sert ici un scénario impeccable à David Miller et sculpte les personnages avec justesse et talent. Kirk Douglas (bluffant dans la dernière scène), Gena Rowlands (émouvante au possible) et Walter Mathau (le rôle de sherif le plus réussi peut-être avec celui de JW Pepper) font le reste.
L'histoire, même si elle est solide, a depuis été traitée à maintes reprises; le personnage de rebelle épris de liberté, de grands espaces ou de grandes idées est un thème récurrent du cinéma hollywoodien. Elle sort du lot parce qu'elle est servie par des hommes ayant bien souvent fui l'oppression et l'arbitraire nazis et inquiétés à cette époque (1962) par l'inquisition McCarthyste. Ils mettent en scène cette quête de liberté avec l'immense espoir qu'elle véhicule, mais aussi avec le désenchantement qui s'en suit. Et tout cela transpire dans ce chef d'oeuvre inclassable.
Ce film est poignant, subtil, magnifique, élégant, superbement interprété. Et on ne l'oublie pas. Certainement ce que voulaient Trumbo et Miller.