Second long-métrage de David Fincher après l’intéressant « Alien 3 ». Il possède alors enfin les cartes en mains et jouit d’une marge de manœuvre considérable. On le sait, on le sent. C’est à partir de là que sa carrière prend le tremplin vers une certaine dextérité dans la mise en scène. Le thriller devient rapidement son outil de prédilection et ce qu’il en fait dans « Seven » est d’une claque que l’on n’est pas prêt d’oublier.


Faute de quoi, le scénario de Andrew Kevin Walker a trouvé un metteur en scène perspicace. Il traite le sujet des 7 péchés capitaux dans une intrigue frôlant le noir. Elle s’apparente au désespoir que les personnages, loin d’être des héros dans l’âme et le caractère, vont devoir affronter. D’un côté, nous avons le détective William Somerset (Morgan Freeman), sage, expérimenté mais à bout de souffle. Et de l’autre, le coéquipier instable, impatient et « jeune » que constitue David Mills (Brad Pitt). Ensemble, à travers leur enquête et leur partage émotionnel, on prend conscience de leur vision si particulière de la vie. La métaphore du serial-killer fait ainsi écho à leur problème personnel, flirtant avec l’horreur, dans tous les sens du terme.


Fincher fait alors tout de suite le point sur une ambiance glauque, par son réalisme et sa photographie noire à en être dégoûter. Voilà où il souhaite en venir. La bande-son stridente par Howard Shore n’est que secondaire face aux images, fortes en expression du moment que le naturel vient les côtoyer. L’esthétique des victimes, des scènes de crimes, de la ville elle-même est un enclos mental où le réalisateur parvient à nous piéger. Exit les explosions et les affrontements un peu trop spectaculaires à tout va. On reste dans un cadre posé, structurant petit à petit le parcours vers un abominable drame. Il ne pousse pas davantage à la réflexion, avant un dénouement au sommet. Mais avant cela, il préfère parcourir la notion de spiritualité qu’on trouve dans le religieux, directement et indirectement lié aux crimes. Un miroir certain de la société des années 90, certes. Or, cette vision a de quoi s’étendre sur une période plus antérieure, voire jusqu’à aujourd’hui.


La morale se veut ainsi universelle et on ne peut en dire davantage si l’on ne se donne pas la peine de s’initier à l’expérience « Se7en ». Avec la patience et l’espoir, la surprise sera au bout du tunnel… La philosophie à retenir ne tient qu’en une réplique : « Le monde est un bel endroit qui vaut la peine qu'on se batte pour lui. Je suis d'accord avec la seconde partie » !

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le 8 juin 2017

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Cinememories

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