La saga Step up continue alors de séduire le public au cinéma. Malgré l’enchaînement de trois films en relativement peu de temps, la franchise ne montre pas encore de signes d’essoufflement. Chaque nouvel opus parvient à renouveler les chorégraphies, à élargir l’univers urbain qu’elle explore et à capitaliser sur l’engouement du public pour les performances physiques spectaculaires. La dynamique entre romance, compétition et dépassement de soi fonctionne toujours, et la saga semble avoir trouvé son rythme de croisière.

En 2012, un tournant majeur survient lorsque Lionsgate rachète Summit Entertainment. Ce changement de direction intervient alors qu’un quatrième film est déjà en production. Que ce soit une simple coïncidence ou un effet direct de la restructuration interne, c’est à partir de ce moment-là que la franchise commence à perdre de sa stabilité. Les priorités du nouveau studio, la redistribution des budgets ou encore la réorientation de la stratégie marketing semblent avoir affecté la cohérence générale de la série. L’impression d’un déclin progressif commence à s’installer.

Scott Speer prend la relève de Jon M. Chu, qui avait pourtant imposé une signature visuelle forte et reconnu pour sa maîtrise des scènes musicales et chorégraphiques. Bien que Speer ne soit pas étranger à l’univers de la danse (il a réalisé plusieurs documentaires et connaît donc les codes et les exigences de ce milieu), son approche diffère sensiblement de celle de son prédécesseur. Là où Chu apportait une mise en scène inventive et une énergie cinétique maîtrisée, Speer privilégie parfois l’esthétique au détriment de la narration, ce qui modifie la tonalité générale du film.

En 2012, Step up : Revolution sort en salles et le box-office ne suit pas les attentes fixées par le studio, surtout sur le territoire américain.

On perd clairement ce qui faisait l’âme des Step up. Les premiers films baignaient dans une énergie brute, presque chaotique, nourrie par la rue, les crews improvisés, les défis spontanés et cette pulsation urbaine qui donnait immédiatement envie de taper du pied. Ici, on bascule vers une esthétique beaucoup plus lisse, presque aseptisée : une danse contemporaine tout en lignes épurées et en mouvements contemplatifs, au détriment de l’impulsion et de l’adrénaline. Là où la saga faisait vibrer le spectateur, ce volet semble étrangement amorphe. L’envie de danser, de bouger, de se laisser entraîner n’opère plus. Le film donne plutôt une impression de distance, comme si la mise en scène observait ses danseurs au lieu de les vivre.

Le film tente de capitaliser sur la tendance très en vogue : les flash-mobs. Sur le papier, cela aurait pu insuffler un vent de nouveauté, d’autant plus que l’idée du flash-mob repose sur la surprise, l’inattendu, l’intégration du public comme acteur de la performance. Malheureusement, l’exécution manque cruellement d’énergie. Les mises en scène ne parviennent presque jamais à transmettre cette sensation d’un acte spontané et collectif, cette explosion joyeuse qui caractérise le flash-mob. Seule la première danse tire son épingle du jeu, en réussissant à créer un semblant d’effet de foule et de spontanéité. Ensuite, le concept s’essouffle, très vite, faute d’audace et de montée en puissance.

L’action se déroule cette fois à Miami, un décor solaire et vibrant qui aurait pu devenir un atout majeur. La ville possède une identité visuelle forte : sa lumière chaude, ses couleurs saturées, son atmosphère moite qui appelle presque à la fête. Mais à l’écran, le film semble davantage s’en servir comme prétexte esthétique que comme véritable environnement narratif ou culturel. Scott Speer privilégie une mise en scène très clip musical, multipliant les images léchées, les ralentis et les compositions graphiques au détriment de la narration et de l’émotion. On sent une volonté de styliser à outrance, de transformer chaque scène en un tableau photogénique. Résultat : c’est joli, parfois, mais creux, et surtout très loin de l’identité énergique et viscérale de la saga.

Ryan Guzman et Kathryn McCormick forment le nouveau duo central, mais leur couple manque cruellement de relief. Leurs personnages ne déclenchent ni empathie, ni tension, ni véritable intérêt narratif. Leur romance reprend l’archétype du couple façon Roméo et Juliette, un schéma déjà usé jusqu’à la corde. À cela s’ajoute une intrigue secondaire elle aussi très cliché : le père de l’héroïne, magnat de l’immobilier, souhaite racheter et détruire les lieux de vie des danseurs. On retrouve un antagoniste capitaliste caricatural, sans nuance, qu’on a vu mille fois dans des productions similaires. Rien ne vient moderniser ou réinventer ces codes, ce qui rend l’ensemble terriblement prévisible.

Vous l’avez compris, il reste bien peu de choses à sauver. Dans les précédents Step up, même lorsque le scénario semblait fragile, les scènes de danse rattrapaient presque toujours l’ensemble en apportant un souffle spectaculaire. Ici, même ces moments censés être le cœur du film peinent à convaincre. Ils manquent d’impact, d’inventivité, de cohésion. Les dialogues, quant à eux, sont d’une pauvreté déconcertante : clichés, sur-écrits, caricaturaux ou maladroits, ils cassent le rythme au lieu de l’accompagner. Certains échanges sont tellement plats qu’on peine à y croire. On se demande comment un film basé sur la passion et l’énergie peut à ce point manquer de vie dans ses mots.

Les cameos de Adam G. Sevani et de Mari Koda font tout de même très plaisir.

Step Up : Revolution marque un véritable tournant, mais pas dans le bon sens. Le film tente de moderniser la saga en misant sur l’esthétisme, les tendances du moment et un décor plus clinquant, mais perd en route ce qui faisait la force de la franchise : une énergie contagieuse, une dramaturgie simple mais efficace et une connexion authentique avec la culture de la danse de rue. Le résultat est un opus visuellement travaillé mais narrativement vide, qui peine à faire vibrer ne serait-ce qu’un instant. Un épisode qui, malgré ses ambitions, sonne creux.

StevenBen
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il y a 4 jours

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Steven Benard

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