Shaun the Sheep : Farmageddon est l’exemple même de la suite réussie, offrant à son aîné un prolongement de son univers sans jamais tomber – et c’est là sa plus grande qualité – dans la redite. Certes le schéma narratif s’avère on ne peut plus conventionnel, mais se justifie parce qu’il se subordonne à un goût pour l’hommage aux films de science-fiction ici parodiés avec malice : nous reconnaissons aisément la patte Spielberg, avec des références à Close Encounters of the third Kind, E.T. – le vélo sur fond lunaire devient une poubelle jaune lancée à toute vitesse devant une affiche –, Jaws et bien d’autres, ainsi qu’à quelques grandes œuvres comme 2001 : A Space Odyssey qui inciteront peut-être les spectateurs les plus jeunes à s’intéresser auxdites œuvres.


La deuxième qualité du film est de jouer avec l’interdit, qu’il se plaît à transgresser : les personnages principaux sont des enfants et, à ce titre, aiment faire des bêtises, se livrer à des expériences dangereuses ; le chien de berger apparaît telle une instance autoritaire, incarnation de l’adulte qui freine les élans de curiosité du jeune au point de déclencher malgré lui un accident. Les panneaux d’interdiction se succèdent, barrant d’un trait rouge l’activité prohibée. Néanmoins, la projection des personnages dans leurs aventures équivaut à un affranchissement de ces contraintes : se commander des pizzas, en fabriquer par dizaines dans le vaisseau spatial, engloutir les bonbons d’un magasin, roter avec grand bruit. Tous les interdits sont commis, non sans un plaisir coupable de sale gosse qui conduit le spectateur à s’attacher à ces avatars d’une jeunesse rêvée ou perdue. Cette intelligence thématique est en outre portée par un sens aigu de la composition des images : les plans somptueux s’enchaînent à une allure folle mais restent toujours lisibles, l’animation en stop-motion (que gonflent des effets numériques) brille de mille feux et confèrent aux protagonistes et antagonistes une authenticité réjouissante.


Portée par la très belle partition musicale que compose Tom York qui se revendique d’une esthétique de l’emprunt et de la refonte – le thème principal des Gremlins croise le chemin du lyrisme d’un John Williams, avec entre-temps la rugosité d’un Danny Elfman sur Planet of the Apes –, Shaun the Sheep : Farmageddon est une réussite totale, élabore une ambiance rétro savoureuse qui n’a pour seul défaut de ne durer qu’à peine une heure et demie. On bêle de plaisir !

Fêtons_le_cinéma
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le 18 oct. 2019

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PierreAmo
7

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