Corriger les erreurs du passé pour mieux anihiler ses qualités.

Le premier "Sherlock Holmes" avait surpris son monde, notamment par sa coolitude absolu (merci Downey, Jr et Jude Law) et par son étonnant respect de l'oeuvre de Conan Doyle, offrant une vision enfin dépoussiérée et rendant toute sa folie au célèbre détective. Au point de faire (presque) oublier de gros vilains défauts, comme un script bordélique et un manque flagrant d'ampleur. Tares que vient vite corriger cette suite au budget forcément plus important. Décors superbes, images léchées, narration plus solide (même si l'histoire reste encore un poil confuse), morceaux de bravoure spectaculaires (l'attaque du train et la fuite dans la forêt en premier lieu) et mise en scène enfin correct bien que toujours aussi impersonnel. Mais étrangement, en corrigeant les points faibles du premier film, ce second opus se débarrasse également de ce qui le rendait si sympathique. Si l'on se doutait un peu qu'il faudrait dire adieu à tout semblant de spontanéité, le manque de véritable dynamique et de répartie entre les personnages de Holmes et de Watson étonne franchement, comme le virage "clownesque" que prend l'ensemble, en témoigne les (trop) nombreux déguisements de Robert Downey Jr. L'acteur est toujours impeccable, tout comme Jude Law, mais rien y fait, l'aspect "cool" du précédent volet a quasiment disparu, tout comme la fidélité au matériau d'origine. On regrettera également la présence peu menaçante du mythique Professeur Moriarty (campé par l'excellent Jared Harris) même si l'idée d'en faire un personnage physiquement neutre était pertinente, comme le montre l'affrontement final, entièrement intellectuel, entre les deux adversaires.Pur film de mecs, cette séquelle laisse de côté ses protagonistes féminins, purement décoratifs, que ce soit Rachel McAdams, vite expédiée, ou Noomi Rapace, parfaitement inutile et peu à l'aise. Si tout n'est pas à jeter, loin de là, on ne peut être que déçu par la tournure qu'a pris l'entreprise. Espérons qu'un éventuel troisième volet corrige ses défauts mais en conservant cette fois les qualités du premier.

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le 8 juin 2012

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Gand-Alf

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