Sicario réalisé par Denis Villeneuve, un réalisateur qui démontre de film en film qu’il est l’un des plus grands cinéastes de sa génération. Deux ans après le très bon « Prisoners », il revient avec son nouveau film intitulé : « Sicario ». Un film sur les Cartels ou plutôt un film sur les Etats Unis, un pays perpétuellement en guerre. Comme disait le réalisateur, le film aurait très bien pu se passer en Afrique, en Afghanistan ou en Irak, c’est le même combat. Denis Villeneuve va dépeindre une histoire viscérale, sous tension, à travers le regard d’une jeune recrue du FBI nommée Kate.


Sicario est une descente cauchemardesque de 2h, un film tendu du début à la fin. Le souffle coupé, collé à notre siège, on suit avec appréhension les actions des personnages qui se déroulent sous nos yeux, mais surtout sous les yeux du personnage d’Emily Blunt étant donné que le film se repose presque entièrement sur le point de vue féminin. C’est la spectatrice des évènements qui, eux même la dépassent. Filmée en gros plan, Kate est le personnage central du film. Le réalisateur prend le personnage et l’entraîne au cœur des ténèbres, dont elle essaiera tant bien que mal d’en sortir. A travers le regard de Kate, il tente constamment de remettre en question le rôle des américains, qui veulent régler les problèmes en exportant leur violence hors de leurs frontières.


L’excellente mise en scène maitrisée de bout en bout par Villeneuve va créer une atmosphère oppressante et menaçante. Notamment pour les plans d’ensemble sur la ville de Juarez, transcendés par la brillante BO de Johan Johansson à la fois inquiétante et bruyante. La musique très présente sur le film accompagne l’histoire sur un thème angoissant et va envelopper le spectateur lors des scènes de fusillades.


Si Sicario est autant réussi, c’est grâce à son casting 3 étoiles avec en tête une Emily Blunt démente qui interprète avec beaucoup de justesse le personnage torturé de Kate. Cependant, Benecio Del Toro transcende l’écran à chacune de ses apparitions, son personnage froid et intrépide représente à lui seul la haine qu’engendrent ces affrontements. Sicario est un film remarquable, une claque, un des meilleurs films de l’année. Mais si j’avais une chose à retenir du film c’est la manière dont Villeneuve filme ses personnages, comme des ombres en perdition, des silhouettes sans âme, à l’image du plan sublime lors d’un coucher de soleil où des silhouettes disparaissent en bas de l’écran dans les tréfonds de l’obscurité.

Lucas_Renaudot
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le 6 oct. 2015

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