Les adaptations de nos jeux préférés au cinéma ont toujours été catastrophiques, ne nous mentons pas. Prenons parmi d'autres des purges comme les divers Tekken, Mortal Komba, Mario Bross, House of the dead, Alone in the dark ou Resident Evil. Disons le tout net, ces films sont tout juste bons à procurer de bonne tranches de rire aux nanardeurs accomplis; je pense surtout aux Resident Evil qui semblent s'attacher à devenir un peu plus mauvais à chaque épisode. De ce simple constat, Silent Hill parvient les mains derrière le dos à se s'élever au dessus du lot.
Une petite fille faisant de terribles cauchemars liés à son passé, se voit obligée de retourner avec sa mère à Silent Hill son lieu de naissance pour comprendre ce qui lui arrivé. L'intrigue du film reprend en la remaniant l'histoire du premier jeu Silent Hill. Gans connait son sujet et ça se voit, il écrit un film en tant que fan et pour le fan. En effet, Silent suit le parcours classique du jeu vidéo, à savoir une arrivée dans une ville morte dissimulée dans le brouillard, puis peu à peu de nombreux indices qui indiquent que faire et où aller se présentent. Le film nous déplacera beaucoup. D'abord une école, puis un hôtel, une église et enfin un hôpital. Le travail donné pour les décors à été significatif, notamment parce que selon les besoins du scénario, trois villes de Silent Hill ont été crées de toutes pièces. La première simple,où évolue Sean Bean, extérieur à tout ce qui se passe à Silent Hill. La deuxième ville est la ville principale, couverte en permanence d'une pluie de cendres. La dernière, enfin, représente le cauchemar dans lequel Alessa a plongé tout les habitants de Silent Hill.
Ce que l'on ressent à de nombreuses reprises, c'est que Gans aime Silent Hill et aime son film. Chaque changement de monde, et notamment de la ville des cendres à celle du cauchemar se fait par des petits zooms sur le décor qui se transforme. On voit ainsi une réalité qui s'effiloche (au sens premier du terme) pour laisser place à une autre, l'effet est saisissant et honnêtement très immersif. Bigre c'est bien fichu! Ici, on ne passe pas d'un plan ou d'un décor à l'autre arbitrairement, Gans a crée son univers de manière à nous impliquer dans les changements mis en place. Nous somme dans une version filmique de Silent Hill crée pour les fans, et le soucis du détail accordé à chaque décor, et notamment ceux du Other World sont bluffants. Des cages, un long couloir rouillé, souillé, poisseux qui prend l'eau de partout, l'ambiance est tout aussi morbide que celle que nous avions vu dans le jeu original. Entre les cadavres torturés, le sang, et les morceaux de chair disposés ici et là, on entre clairement dans le monde de la mort elle même. Si le film n'est au final pas si angoissant, il tisse malgré tout une vraie ambiance, on est à Silent Hill et on y croit.
Pour les personnages, quasi tout le casting du jeu répond à l'appel. On retrouve ainsi Alessa Gilepsie et sa mère, Lisa l'infirmière pour un bref cameo, et Cybil la flic. Le scénario reste donc très proche du premier jeu d'autant que les personnages de Sharon et sa mère ont des rôles quasi similaires à ceux que jouaient Harry Mason et sa fille dans le jeu. Si je ne dis pas de bêtise, il ne manque au final que Kaupffman par rapport au premier jeu. Le scénario est différent en revanche mais s'inspire très clairement du jeu qu'il représente. En effet, cette fois Dahlia Gilepsie mère de Alessa jouera un rôle complètement différent, voire à l'opposé de l'antagoniste qu'elle était. En soit, on peut constater que l'intrigue est plus dynamique que celle du premier jeu, les personnages sont plus mis en avant, bref malgré quelques indéniables longueurs, le film allie audace et originalité dans la manière de traiter un univers déjà connu de tous.
La mise en scène est elle aussi une réussite. Pour les scènes d'action, cela se démontre par des plans de quelques secondes pour l'apparition de chaque monstre. Pas de screamer, pas de musique ou de fond sonore qui nous beuglent dans les oreilles. Non, ici le film est intelligemment monté pour permettre à chaque créature d’apparaître tranquillement à l'écran puis de nous montrer quelle menace elle représente. Encore une fois, on voit l’intérêt que Gans a porté à son travail et à l'univers de SH, visuellement, rien n'est bâclé. Ce film joue exclusivement sur l'univers qui est crée pour inspirer la crainte et non sur des effets criards et assourdissants qui obligent le spectateur à avoir peur au moment précis où le réalisateur l'a décidé. La bande son est superbe, aucune autre adaptation jeu/ ciné ne peut se vanter de n'avoir fait le moindre effort de ce coté là (ne serait ce que Resident Evil et sa techno dégueulasse). Je parle en connaissance de cause puisque j'écoute ponctuellement certaines pistes du film sur mon mp3. Beaucoup de thèmes ont été joué au piano, ces efforts de mise en atmosphère ne m'ont pas laissé indifférent. Au niveau sonore, c'est du tout bon aussi, entre les crissements métalliques, les pleurs, les plaintes des monstres, l'ambiance morbide s'insinue en nous de manière totalement non intrusive.
Pour être parfaitement franc, je n'ai jamais compris pourquoi ce film n'avait pas fait plus parler de lui. En tant qu'adaptation de jeu vidéo, Silent Hill est largement le meilleur film réalisé, en étant à la fois fidèle au modèle d’origine mais aussi audacieux dans la musique et dans le remaniement de l'histoire. Il est également un bon film puisque l'univers crée est bien construit, immersif et morbide à souhait. Même avant d'avoir joué au jeu, je lui trouvait des qualités mais maintenant mon avis est net et précis: oui j'aime ce film et je l'assume tout à fait. Voilà c'est dit. Six ans plus tard, une suite réalisée par un autre réalisateur verra le jour et pour être honnête, on reviendra à une ambiance nanarde bien puante telle que nous l'avait montré Alone in the Dark en film. Un de mes éclaireurs s'est amusé à en faire la critique, personnellement je n'ai pas grand chose à dire de cette horreur si ce n'est qu'elle est une suite totalement forcée qui passe complètement à coté de l'univers du jeu et même carrément du premier film car elle contredira à de nombreuses reprises son aîné sans que l'on comprenne vraiment pourquoi. Bref, considérez Silent Hill comme un univers à part entière, un film qui a ses défauts mais qui reste très bon malgré tout. Aucune suite n'a existé. AU-CU-NE SUI-TE!