Le documentaire brille par la qualité des éléments mis à disposition et la justesse de l'hommage rendu à l'actrice et à la femme engagée. Richesse des Archives et des Extraits de Films : L'atout majeur réside dans la sélection d'images d'archives rares et d'extraits marquants de sa filmographie.
Le montage met en lumière son évolution, depuis la "femme fatale" de ses débuts (comme dans Casque d'Or) jusqu'à l'actrice au sommet de son art et de son engagement (Oscar pour Les Chemins de la haute ville, César pour La vie devant soi).
On y perçoit clairement sa volonté de refuser les clichés et d'incarner des personnages plus complexes.
Portrait Intime et Engagé : Le film réussit à capturer l'essence de Simone Signoret, figure libre (comme l'indique le titre).
Il met l'accent sur sa personnalité non-conformiste, son engagement politique (proximité avec l'utopie communiste, sans jamais être encartée), et son choix de l'amour et de la liberté, notamment à travers sa relation avec Yves Montand. L'approche est tendre et respectueuse de son refus d'être une simple "star".
La Question du Temps et du Vieillissement : Le documentaire aborde de manière particulièrement intéressante son rapport à son propre corps et au vieillissement (thème qu'elle évoque elle-même en parlant des "cicatrices du rire et des larmes").
Elle y est présentée comme une pionnière, acceptant de ne pas masquer ses rides pour décrocher des rôles plus substantiels et profonds, une démarche rare à l'époque qui souligne son caractère.
Réserves : Le Manque de Distance et de Contradiction Malgré ses qualités, le documentaire suit un fil narratif classique qui limite parfois sa portée.
Une Hagiographie Classique : Bien qu'émouvant, le documentaire de Michèle Dominici adopte une tonalité très élogieuse et conventionnelle, s'approchant parfois de l'hagiographie.
On peut regretter un manque de distance critique par rapport à certaines périodes de sa vie ou à ses choix artistiques et politiques.
Le documentaire survole parfois les zones d'ombre ou les controverses sans les explorer véritablement.
L'Usage des Interviews et Témoignages : Pour construire le récit, le documentaire utilise des interviews et des archives, mais on peut trouver que l'assemblage, bien qu'efficace, ne surprend pas toujours.
La structure chronologique est linéaire, et l'analyse de son impact sur la Nouvelle Vague (qui la trouvait "trop lourde" ou "trop engagée") mériterait, par exemple, d'être plus développée pour comprendre les périodes de creux de sa carrière.
L'Équilibre Vie Privée/Carrière : Le traitement de la relation avec Yves Montand, et notamment les épreuves qu'ils ont traversées (faisant allusion aux moments "tristes" dans le couple), reste assez en surface.
Ces aspects sont mentionnés comme des faits marquants mais ne font pas l'objet d'une analyse fouillée de l'impact sur sa carrière ou son engagement, laissant l'impression d'une pudeur qui, si elle est respectable, limite la perspective biographique.
Conclusion Mitigée "Simone Signoret, figure libre" est un documentaire solide et essentiel pour (re)découvrir l'itinéraire exceptionnel de cette actrice emblématique.
Sa force réside dans son capital d'archives et la façon dont il célèbre une femme qui a toujours incarné ses convictions à l'écran comme à la ville.
Cependant, il ne parvient pas à se hisser au-delà du biopic de qualité classique, en évitant d'interroger frontalement les complexités et les contradictions qui auraient rendu ce portrait encore plus vibrant et libre.
C'est un bel hommage, mais une œuvre d'analyse timide.