Dans sa volonté de sans cesse dégommer son box-office avec des produits locaux, la Chine tente encore et toujours de s'imposer en matière de blockbuster démesuré. Pour ce faire, elle déploie des sommes colossales et engagent même des réalisateurs américains, des tough guys du genre, capables de proposer du savoir-faire bien "USA!" pour un produit exclusivement chinois. Renny Harlin étant indisponible, c'est sur ce bon vieux tâcheron de Simon West que la production va se pencher car même si ses dernières frasques sont passées inaperçues, le bougre a tout de même mis en boîte Les Ailes de l'Enfer il y a vingt ans et Expendables 2. Une valeur sûre.


Nous avons donc un rip-off de Jurassic Park où un parc de loisirs dirigé par un Américain (Jason Isaacs, qui paie naturellement ses factures) est érigé sur une île volcanique. Déjà l'idée est sacrément débile mais avec des effets spéciaux à gogo et des séquences tonitruantes, on n'y verra que du feu. Sauf que c'est quand même le réalisateur de Gun Shy qui est censé nous en mettre plein la vue. Du coup, on se retrouve avec des plans obliques ringards, des incrustations d'un autre âge, de pauvres CGI dignes d'une production Asylum, une scénographie inexistante et un découpage que l'on croirait amateur. Avec les meilleures intentions du monde et un casting sympathique, Skyfire n'échappe malheureusement pas à une ringardise que seuls les aficionados de nanars peuvent supporter.


Outre son scénario d'une paresse incommensurable, ne créant jamais de tension, enchainant les séquences les plus stupides comme les plus prévisibles et ne présentant aucun enjeu (le parc est apparemment ouvert au public composé de dix touristes que l'on présentera pas), c'est concrètement face au développement grossier de ses personnages, des situations éculées et de la gestion chimérique de l'espace que le bât blesse. Hormis la jeune Meng Li (Hannah Quinlivan) et son père (Wang Xueqi), le reste des protagonistes n'existe tout simplement pas, dirigés au minimum par un réalisateur autant à l'aise qu'une première visite chez le proctologue, au même titre que ce décor mal exploité et présenté n'importe comment, les coupes impromptues sur la table de montage n'aidant pas à la visibilité.


Avec ses situations grotesques (il faut compter le nombre de fois où les boules de feu tombent à côté d'acteurs à côté de la plaque), ses scènes d'action désuètes, son scénario confectionné par des gamins de douze ans (presque, c'est l'œuvre de deux débutants, l'un américain, l'autre chinois), sa topographie déplorable et sa qualité graphique en retard de plusieurs décennies, Skyfire peut appartenir à cette catégorie subtile "entre le navet et le nanar", tellement mal fichu qu'il demeure à la fois triste et rigolo. Pas 'fendard' hein ! 'Rigolo'. Sinon la musique de la compositrice Pinar Toprak est jolie.

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le 2 févr. 2021

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