Pour le père de François, homme d'habitudes qui mène une vie réglée, la mer et ses horizons sans limite est la promesse de vivre l'Aventure. Lui qui ne quitte jamais sa maison de Noisiel, possède une bibliothèque remplie de récits de voyages et de précis de navigation. Bricoleur doué de ses mains, il va, dans son jardin, construire lui-même un bateau, réplique de celui avec lequel un navigateur de légende, Slocum, a accompli son tour du monde.
C'est la première lecture de ce dessin animé : celle d'un voyage immobile, de la poursuite d'un rêve dont la planification importe plus que la réalisation.
Mais ce récit est raconté à la première personne, par le fils adoptif, et cela donne un deuxième niveau de lecture, l'histoire d'un enfant qui cherche à nouer une relation avec son père, qui ne sait comment exprimer ses sentiments, et donne l'impression d'être distant. Cette relation père-fils se complexifie, car la durée de construction du bateau permet d'arriver aux années de l'adolescence. D'abord François rêve à son tour du bateau et de navigation, se plonge dans la lecture des récits de marin, comme une manière de se rapprocher, enfin, de son père. Mais son intérêt faiblit à l'adolescence, lorsque ce besoin d'affection se fait moindre.
On peut par ailleurs regretter que ce passage dans l'adolescence, sans doute moins évident à mettre en place, soit moins réussi que le reste. C'est que Slocum et moi garde jusqu'au bout son ton tout en retenue, manquant la possibilité de plus incarner ses personnages. L'ensemble ne manque pas de finesse, mais échoue à prendre une ampleur autre. Comme le bateau dans le jardin, le récit restera encalminé.