Dire que l’on est déçu à la vision de « Smashing Machine » est un euphémisme. On avait quand même droit à l’association de Dwayne Johnson dans son premier vrai grand rôle de composition en tête d’affiche - si l’on omet l’un des films les plus méconnus de Michael Bay (« No pain no gain ») et « Une famille sur le ring » où il jouait des rôles plus secondaires - avec le cinéaste Benny Safdie derrière la caméra et cela coulé au sein d’un film sportif tiré d’une histoire vraie sur l’un des précurseurs des arts martiaux mixtes avec Emily Blunt en joker de charme. C’était plutôt stimulant mais il s’avère que le résultat est loin des attentes, comme si Benny Safdie qui réalise ici pour la première fois sans son frère (on doit à la fratrie le génial « Good times » et le plus particulier « Uncut Gems ») s’était fait amputer d’une partie de son talent.
On aurait presque de la peine pour The Rock tant ce film était tout destiné à lui permettre d’obtenir ses lettres de noblesse artistiques au sein de la profession et la consécration à Hollywood en tant qu’acteur sérieux. Rendons cependant à César ce qui est à César : il n’est en aucun cas responsable du ratage de « Smashing Machine ». Au contraire, le concernant il n’y a rien à redire. Son interprétation est excellente, impeccable même. Et il mériterait ses probables nominations aux prochaines cérémonies, avec les Oscars en ligne de mire. On se demande juste pourquoi des postiches et maquillages lui ont été rajoutées tant il aurait pu jouer le rôle tel quel. On ne doutait donc pas de ses talents d’acteur mais, malheureusement, une prestation aussi bonne soit-elle ne fait pas un film... Et si Emily Blunt est tout aussi irréprochable comme d’habitude, ils ne peuvent à eux deux sauver le film de sa trivialité profonde qui nous plonge dans un ennui certain.
Ce n’est pas que rien ne va devant ce long-métrage, on est loin du navet ou ratage total, mais tout y est sans aspérités, sans passion et sans un vrai regard de cinéaste. La manière de filmer qui se veut très réaliste est finalement très consensuelle et la manière dont sont montrés les combats est presque une insulte à ce genre de film (« Warrior » en tête de liste). C’est anti-spectaculaire au possible. Et la musique qui enrobe le tout, inadaptée et agaçante, n’arrange rien. Quant au volet dépendance aux opioïdes et problèmes de couple, c’est identique à toute une palanquée de biopics et ça reste beaucoup trop en surface pour véritablement nous captiver. De sorte que les plus de deux heures de ce film sans véritable vision et à la trame vue mille fois dans les films sportifs et les biopics nous paraissent interminables. Si on apprécie le Dwayne Johnson de « Smashing Machine », on déplore totalement que cette belle prestation soit dans un film si générique et oubliable.
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