Mon avis sur somewhere aurait pu être tout autre. Et pour cause, les premières minutes font penser que Sofia Coppola avait réalisé un film un peu trop court et a donc voulu faire un peu de remplissage : un mec à côté de ses pompes qui fait un tour, deux tours, trois tours avec sa Ferrari sur un circuit désert, s’arrête, sort de sa voiture et regarde au loin comme si son acte avait une quelconque fonction, une quelconque profondeur mis à part de signifier l’ennui.

Car oui, c’est encore le sujet de prédilection de la réalisatrice qui est ici traité : l’ennui. Et plus particulièrement l’ennui dans le confort matériel excessif d’une vie de château. En effet, le personnage principal est acteur et enchaîne les journées à ne rien faire si ce n’est boire des bières affalé dans son canapé, fumer ses cigarettes au balcon de sa luxueuse chambre, rouler dans sa belle voiture de personne fortunée. Tout cela à défaut d’avoir une vie sociale et sentimentale heureuse.

Sa fille campée par Elle Fanning - que j’apprécie personnellement beaucoup – ne le voit qu’occasionnellement suite à la séparation de ses parents. Une séparation qui semble avoir beaucoup affecté l’acteur qui se retrouve seul et qui, pour combler le manque, commande des numéros de Pole dance effectués par des stéréotypes de la danseuse blonde de cabaret qu’il se contente de regarder sans entrain. De même, il n’entretient que des relations professionnelles ponctuelles qui contribuent à le plonger dans une routine ennuyeuse au possible.

Voilà à quoi se résume l’intrigue, Coppola filme du vide, le vide d’une vie dépressive et ennuyeuse mais elle le fait si bien à mon goût que je ne peux m’empêcher d’apprécier. Certes Stephen Dorff n’a pas le capital charme de Bill Murray et le décor n’a rien du caractère si prononcé de la métropole nippone qu’est Tokyo mais la réalisatrice est toujours la même pour mon plus grand plaisir.
Deleuze
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le 19 juil. 2013

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