Le seul et unique avantage de vieillir, c'est d'avoir l'occasion de découvrir des films écrits par des gens de sa génération. Est-ce donc ça, le doux plaisir que ressentent les personnes âgées quand elles découvrent le dernier Christian Clavier ?
Evidemment, Sorry, Baby m'a bouleversé. Par son impact émotionnel, sa tendresse mais surtout sa profonde sincérité.
Bien plus que de raconter le drame, le film raconte la reconstruction. Parce que la vie continue dans sa banalité la plus profonde, comment faire pour avancer après avoir vécu l'innommable?
Aucune redemption story, aucun moment où la pesanteur pourrait s'évaporer, on nous montre surtout comment faire avec.
A ce sujet central s'ajoute évidemment le fameux "coming of age movie" que je chérie tant. Agnès n'a aucune idée de comment habiter ce monde et y évoluer. Ce malaise est ressenti au sein même de la mise en scène et de l'utilisation du physique d'Eva Victor. Tout du long, on ressent une complexité à se placer dans l'espace, à se sentir à l'aise avec sa propre personne et son entourage. Les scènes où le spectateur respire enfin sont d'ailleurs celles qui impliquent un contact physique, remettant Agnès en place dans un monde réel et tangible où elle trouverait enfin un peu de répit.
En fin de compte, on pourrait résumer le film à un "c trop cool d'avoir des copains !" mais c'est bien plus.
Sorry, Baby c'est un regard pessimiste sur la vie tout en gardant cette lueur d'espoir représentée par ceux qui nous accompagnent.