Un voyage déroutant, ultraréaliste & intimiste, mais aussi et surtout une expérience sensorielle !

Ruben & Lou sillonnent les États-Unis à bord de leur camping-car. Ils sont musiciens, elle chanteuse et lui batteur dans un groupe de métal. La vie de Ruben bascule un soir lorsqu’il est pris d’acouphènes et commence par perdre peu à peu l’audition. Quand un médecin lui annonce qu’il va inéluctablement devenir sourd, tous les deux vont devoir prendre une décision radicale.

Il s’agit du premier long-métrage de Darius Marder, scénariste de The Place Beyond the Pines (2012), qui nous entraîne ici au cœur d’un cauchemar, celui vécu par son héro qui du jour au lendemain, fini par être atteint de surdité et doit se résoudre à intégrer un établissement spécialisé (pour sourds et malentendants).

Sound of Metal (2020) n’est pas seulement un drame intimiste, c’est aussi et surtout une expérience sensorielle à vivre exclusivement au cinéma. Il y a eu un tel travail sonore sur ce film, qu’il mérite d’être vu dans des conditions optimales. Le mixage sonore est une véritable réussite et vaut à lui seul le détour, nous immisçant dans un tout autre univers, celui auquel est confronté Ruben, entre ses pertes d’audition et ses acouphènes. Véritablement immersif & déroutant, le réalisateur nous entraine dans un univers méconnu du grand public, celui des sourds & des malentendants. Un voyage déroutant et ultraréaliste, nous rappelant certains documentaires de Wiseman, tels que Deaf (1986), Adjustment and Work (1986) ou encore Multi-Handicapped (1986).

Le travail de Nicolas Becker (l’ingé son) y est prodigieux et permet de nous transporter dans un tout autre univers, de rendre crédible ce qui pour nous, est imperceptible (très justement récompensé aux Oscars). Bien évidemment, l’autre grande force du film réside dans la performance de son interprète principal, l’excellent Riz Ahmed, qui nous bluffe littéralement et nous transporte avec lui dans sa solitude et la découverte de ce nouveau monde. A noter aussi, d’excellents seconds-rôles tels que Olivia Cooke, Paul Raci ou encore Mathieu Amalric.

Entre rébellion et résilience, le film nous transporte dans les affres du handicap avec une rare justesse. Darius Marder n’augure que du bon pour la suite de sa carrière et Riz Ahmed confirme tout de bien que l’on pense de lui depuis de nombreuses années (et qui a bien mérité sa nomination aux Oscars).

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