I Still Know What You Did Last Summer, Danny Cannon, U.S.A, 1998, 100 min


Avec le succès du premier film, évidemment, les producteurs n’allaient pas en rester là, et c’est ainsi qu’un an après sortait sur les écrans « I Sill Know What You Did Last Summer » ou « Souviens-Toi… l’Été Dernier 2 ». Il est réalisé par Danny Cannon, plus connu pour son « Judge Dredd » avec Stallone, et il n’est plus écrit par Kevin Williamson, mais Trey Calloway. Contrairement au précédent, qui s’ouvrait sur du rock teenage, avec en illustration une belle vue de la côte de Caroline du Nord, l’ouverture de ce second épisode se montre plus dark. L’intérieur d’une église baigne dans l’obscurité, seules quelques bougies apportent un faible éclairage, la musique se compose de violons inquiétants, ça donne une ambiance presque gothique.

Puis, le film commence, reprenant pas loin d’un an après le premier, alors que Julie (toujours joué par Jennifer Love Hewitt) a enfin réussi à tourner la page. Elle est à l’université et partage un appartement avec Karla (jouée par Brandy de Brandy et Monica), devenue sa meilleure amie, tant qu’à faire. Elle est dans une relation un peu tumultueuse avec Ray le pêcheur (toujours Freddy Prinze Jr.), mais tout va pour le mieux. Et un jour, Karla gagne des billets pour un voyage aux Bahamas, elle embarque donc Julie et son petit ami Tyrell (interprété par Mekhi Phifer), mais Ray ne voulant pas venir, elle invite Will Benson, un camarade de classe qui a des vues sur Julie. La petite troupe bien clichée part ainsi en vacances, et le jeu de massacre peut commencer.


Le métrage reste en terrain connu, avec un casting composé de personnages stéréotypés, et un plan idiot élaboré par le tueur pour parvenir à ses fins. Mais la petite différence, c’est que le film met très vite de côté le visuel du premier, qui tranche de fait avec « Scream » un et deux, desquels il se rapprochait quand même beaucoup. Place ici à un décor paradisiaque, les Bahamas, pour un Slasher timide, mais qui a pour lui d’essayer de nous proposer quelque chose de relativement original, si ce n’est dans le fond, au moins dans la forme.


Bon, tout le début du récit est particulièrement convenu, et sans compter la scène d’introduction qui n’est pas si mal, rapidement il se rappelle à qui se destine le film, et ça revient un peu à la formule teenage drama du premier. Entre histoire de cœurs et humour pas très drôle, les personnages sont lentement introduits, bien que, vu leur texture, juste nous les montrer suffisait, mais il faut tenir 1 h 40. Cette première partie ne s’avère pas spécialement passionnante, surtout que l’on en connait déjà deux, donc il n’y a rien à dire de plus sur eux, autre que signifier que leur relation est vaguement tendue. Bref, tout ça est très intéressant.


Là où le film devient attrayant, c’est une fois que les personnages arrivent dans l’hôtel, et que le tueur commence à se manifester. La menace revient et, en parallèle, une tempête frappe l’île. Il faut admettre que l’ambiance fonctionne bien, avec l’éclairage qui coupe, le tonnerre qui gronde au loin, les éclairs qui illuminent l’hôtel vide et la pluie battante qui tape les vitres. Tout ça donne un aspect claustrophobe, qui n’est pas sans rappeler le roman « Ils étaient Dix » d’Agatha Christie. Cette atmosphère marque aussi une rupture avec le schéma classique du Slasher, qui majoritairement se déroule dans des petites villes de la campagne étatsunienne.


Même si la formule reste respectée à la lettre, ce n’est toutefois pas une redite du premier métrage, il n’y a pas cette sensation de revoir le même truc. Histoire d’ajouter une touche de fantastique (ce que le film n’est pas vraiment), il y a tout un arc avec un mystère autour du vaudou, qui est bienvenu. Si cela fait cliché, avec une bonne consonance coloniale, ce vaudou que l’on aperçoit est davantage un artifice de Cinéma qu’une véritable représentation. Utilisé dans le cinéma d’horreur depuis les années 1930, le vaudou est en 1998 devenu depuis longtemps une convention, très éloignée de ses racines dans le réel. Cette religion syncrétique, originaire de Haïti, n’a absolument rien à voir avec sa description dans les films hollywoodiens, cette dernière s’est au contraire popularisée en élément de la pop culture horrifique, en toute indépendance. Donc, quand vous voyez du vaudou dans des œuvres étatsuniennes, ce n’est pas du vaudou, c’est juste une interprétation d’un folklore perçue comme exotique par l’Homme blanc.


C’est à peu près tout ce qui fonctionne bien dans le métrage, la manière dont est distillée cette ambiance. Elle suffit à rendre l’ensemble amusant à suivre, à défaut d’être vraiment effrayant. Car pour ça, il y a un recours aux mêmes artifices que dans le premier, à savoir un usage exagéré des jump scare. C’est fatigant, surtout que, la plupart du temps c’est évidemment pour rien, et ça arrive à des moments où le film n’a pas encore basculé dans l’horreur. C’est comme si, pour tenir son audience, le réalisateur Danny Cannon voulait à tout prix faire peur toutes les cinq minutes. Ça devient vite ridicule, comme le plan du tueur, que voici.


Je vais spoiler dans cette partie, mais puisque le film à 27 ans, il doit y avoir prescription. Tout commence avec un coup de téléphone chez Julie et Karla. Cette dernière décroche, c’est la radio, qui lui propose un jeu pour gagner un voyage aux Bahamas, si elle arrive à répondre à une question. Cette question est « Quelle est la capitale du Brésil ? », les deux jeunes femmes sont prises de panique, mais Julie regarde sur un paquet de café dans la cuisine, et dit à Karla de répondre Rio, ce qu’elle fait, et elle remporte le concours. Alors, si c’est marrant de placer ce petit indice au début du film, pour justifier que l’action va se dérouler dans les Bahamas, la manière dont c’est amené pose quand même pas mal problème.


Julie et Karla sont à l’université, et on comprend par quelques scènes que Julie est dans un cursus en lien avec l’Histoire. Je ne sais pas trop ce que vient exprimer ce passage, autre que servir de foreshadowing, et ce qu’il dit à la fois des femmes, représentées comme incultes, et du système universitaire. Je vous laisse interpréter la subtilité de cette séquence. Mais je crains qu’elle existe simplement pour faire comme si le scénario était des plus malins, de la même manière que le plan du méchant. Car une fois aux Bahamas, grâce à son machiavélique stratagème, il va pouvoir enfin éliminer Julie, l’unique responsable de l’accident du premier, qui est présente sur l’île.


Mais non, le tueur tue approximativement tout le casting, sauf Julie, qui est pourtant la raison de ce pour quoi il se venge. Il bute un par un toute l’équipe de l’hôtel, qui n’a absolument rien demandé, et, lorsque le film se termine, Julie est encore vivante. Je ne sais pas, y avait pas plus simple comme vengeance efficace ? Donc ouais, le prétexte au Slasher là, si c’est bien de l’avoir situé dans un autre contexte, les motifs invoqués pour le justifier, c’est vraiment flemmard à souhait. De plus, le twist est éventé dès le départ, avec une très mauvaise exposition d’un des personnages, qui ne laisse planer aucun doute sur les raisons de sa présence, et donc sur l’issue des évènements. Ou encore l’infâmeux cliché du méchant qui switch du mec sympa et normal au psychopathe total qui cabotine à balle. C’est du vu et revu et trop vu.


Alors « Souviens-Toi… l’Été Dernier 2 », ce n’est pas aussi nul que sa réputation laisse l’entendre. Ce n’est pas extraordinaire, loin de là, mais c’est divertissant. C’est même amusant de voir comment le métrage essaye par moment de se montrer un peu conscient d’être un objet de pop culture, comme « Scream ». Comme lors d’un très court passage où Julie parle du tueur qui la poursuit, Tyrell plaisante en name droppant Jason et Freddy, soit deux boogeyman iconiques du slasher des années 80. Bon ça s’arrête là, il n’y a absolument aucune réflexion sur le sujet, c’est juste un film d’horreur très classique, mais la tentative me fait rire.


Même si, il ose jouer un petit peu avec les codes du Slasher, puisque, par exemple, à la fin, il n’y a pas une, mais trois Final Girl. La Final Girl est une convention du genre, qui veut qu’à la fin, seule l’héroïne la plus innocente affronte le tueur sanguinaire. Ce n’est pas le cas dans tous les Slasher, mais, en général il en reste une, et ici il en reste trois. Encore une fois, c’est léger, et Brandy ne meurt sans doute pas pour des raisons de contrat. Cela fait que le film est assez avare en morts, du moins dans le casting principal, puisqu’il n’y a que Tyrel et Will Benson qui se font tuer. Tout le reste, c’est le personnel de l’hôtel, qui encore une fois, n’a rien demandé.


Si les meurtres sont aseptisés, il y a toutefois quelques scènes qui marchent bien. Où certaines idées, comme l’arc narratif parallèle avec Ray, qui comprend qu’il y a une menace. Il fait tout son possible pour rejoindre l’île où se trouve Julie et il lui arrive plein de mésaventures, durant lesquelles il en prend plein la tronche. Ils se trimballe en balançant des punchline ici et là, ce qui lui donne un côté bad ass, surtout lorsqu’il arrive à la fin. Avec un bras en écharpe, des blessures partout sur le visage, il fait penser à un antihéros de polar noir. Une fois de plus, c’est très léger, mais c’est plaisant, parce que le film essaye d’autres choses, ce qui le rend, à mon goût, un brin supérieur au premier.


Le métrage se fend également d’un petit message à caractère social, avec la présence de trois personnages afro-américains. Il montre qu’à la fin des années 1990, cette communauté commence à être davantage représentée et pas seulement dans des rôles inutilement secondaires. D’ailleurs, le film brise ainsi l’un des clichés du Cinéma d’Horreur, qui veut que la première victime soit un personnage noir, ce qui n’est pas le cas ici. Il inverse aussi des clichés, puisque, sur l’île, il y a un membre de l’hôtel qui deal de la drogue, et passe son temps à fumer des joints. Cette image était attribuée davantage aux acteurs afro-américains, ou d’autres minorités, mais ici, c’est Jack Black. Cela montre que le film répond ainsi aux circonstances de son époque.


On ne va pas rentrer dans le détail, mais il faut savoir que, dans les années 1990, la représentation des Afro-Américains à Hollywood rencontre un essor. Si, dans les années 1980, ça commençait un peu, c’est vraiment à la fin des années 1990 que c’est flagrant. Le meilleur exemple est Will Smith, qui, avant de se servir de Chris Rock comme punching-ball, a connu une carrière florissante dans le blockbuster entre 1995 avec « Bad Boys » jusqu’en 1999 avec « Wild Wild West ». Durant cette période il était en tête d’affiche des plus grosses productions de l’époque, ce qui est inédit dans l’Histoire d’Hollywood. Il y a un changement qui se fait dans la société, qui n’est pas idéal, car encore aujourd’hui, le racisme est incroyablement présent aux U.S.A, mais qui est visible. Comme pour le premier film, il y a donc un petit message, un peu timide, mais néanmoins existant, dans le sous-texte. Et en bon produit de son époque, c’est aussi de cette dernière que le métrage parle, avec les codes de sa période.


Voilà ce qu’on peut dire sur « Souviens-Toi… l’Été Dernier 2 », une production horrifique banale, mais pas dénuée d’un certain capital divertissant. Si on ne se pose pas trop de questions, c’est l’assurance de passer un moment sympa, bercé par les années 1990, qui n’étaient pas que cette décennie horrible, y avait autant de trucs bien pour grandir avec. Et puis surtout, le film à un casting vraiment surprenant. On y retrouve Jeffrey Combs, acteur cultissime, surtout connu pour son rôle de Dr Herbert dans la trilogie « Re-Animator », mais qui a fait tellement plus. Il a brillé dans moults seconds rôles mémorables, comme dans le « Frighteners » de Peter Jackson, par exemple. Il incarne ici le gérant de l’hôtel, qui est un type inquiétant, tel qu’il sait si bien les interpréter.


Et puis il y a Jack Black… Oui, un Jack Black tout jeunot, qui devait prendre tous les rôles qui lui étaient accessibles. Il joue le fameux dealer, un blanc à rastas, bien lourd et pas très drôle. Mais ce qui rend le rôle génial, c’est de voir Jack Black déjà faire du Jack Black, qui plus est dans un slasher, ce n’est vraiment pas un truc qu’on aperçoit tous les jours. Et rien que pour ça, ça vaut le coup de regarder ce film. Ce n’est pas un très bon Slasher, pour me répéter, ce n’est pas non plus un très bon film, mais c’est un divertissement pas trop mal. Il remplit toutes les cases du petit film à la con qu’il est bien de le voir quand on a un peu fait le tour de tous les meilleurs slashers, de tous les classiques, et qu’on en veut encore un peu plus. Vraiment, dans le genre, il y a bien bien bien pire, c’est juste un film dans la moyenne, et il mérite d’avoir la chance d’être redécouvert.


-Stork._

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le 18 juil. 2025

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