Pour ceux qui ne connaisse pas bien Michel Gondry, il s’agit d’un réalisateur français s’étant expérimenté dans les pubs et clips (on lui doit notamment ceux de Björk) qui aime s’intéresser à l’esprit des hommes dans la société, usant souvent d’effets spéciaux artisanaux faits maison pour mettre en image des mondes imaginaires (il n’y a qu’à voir La Science des Rêves et le récent L’Écume des Jours). Tel est la signature de ce réalisateur qu’Hollywood a voulu endoctriné avec le distrayant mais impersonnel The Green Hornet. Et cette patte, Soyez sympas, rembobinez (traduction dispensable de Be Kind Rewind) la met en valeur plus que jamais !

Car le film est basé que sur ces effets spéciaux artisanaux à la portée de tout le monde. Et pour cela, Gondry part d’un postulat tout à fait banal mais également loufoque : toutes les cassettes d’un magasin se retrouvant démagnétisées / effacées à cause du pote du gérant de dernière minute, qui s’est fait électrocuter en voulant saboter une ligne à haute tension. Du coup, les deux bonhomme vont se retrouver à retourner chaque film avec les moyens de bord. Et quand on parle de films à refaire, il ne s’agit pas de documentaires ou autres courts-métrages. Mais bien de titres mondialement connus tels que Ghostbusters, Rush Hour 2, Men in Blackn RoboCop ou encore Le Roi Lion ! On se délecte donc à assister à ces « tournages en catastrophes version budget minimisé au possible ». Surtout avec la folie si caractéristique de Jack Black ! On ne rit pas aux larmes, il faut bien le reconnaître, mais on sourit souvent devant ce divertissement. On sourit de voir des acteurs connus se prêter au jeu (Danny Glover, Mia Farrow et surtout Sigourney Weaver en guest). On sourit de voir la tournure farfelue que prend l’histoire.

Mais derrière cela, se cache derrière Soyez sympas, rembobinez un message. Une véritable déclaration d’amour au cinéma. Pas celle où l’on copie un détail technique, une histoire ou un genre (The Artist, par exemple). Mais une déclaration d’amour véritablement personnelle. Et si Michel Gondry use de sa signature artistique dans ce film, c’est bien pour parler de cinéma. Pour nous dire que le cinéma réside dans le succès de ces vieux chefs-d’œuvre. Que le cinéma rassemble les gens. Qu’il leur permet d’oublier tous leurs soucis. Que le cinéma est parasité par le moderne (le concept des suites et remakes hollywoodiens, le symbole des cassettes qui se veulent bien plus présentes que les DVD). Que le cinéma est un art et non un prétexte pour se faire du pognon. Voilà tout ce que dit Be King Rewind (j’en ai marre du titre français !).

Cependant, cela n’empêche pas le film d’avoir quelques défauts. Comme par exemple le fait que Be King Rewind ne soit entièrement tourné que par cette déclaration d’amour qui anime Michel Gondry. Si le farfelu se mélange aisément avec le réalisme de l’histoire, on ne peut pas vraiment dire que nous ayons une histoire réellement développée. Ou du moins les personnages ! Ces derniers se montrent bien fades pour ce qui est des émotions. Si nous avons un Jack Black aussi endiablé que d’habitude et un Danny Glover naturel, nous ne pouvons pas en dire autant de Mos Def et de Melonie Diaz (Mia Farrow et Sigourney Weaver étant réduites en tant que personnages secondaires, nous ne pouvons rien dire de plus à leur sujet). Ces deux comédiens ne sont pas mauvais, mais semblent surtout peu emballés par le film. Rendant certaines parties du scénario aussi anecdotiques qu’une mouche dans du potage.

Bon, d’accord, on ne peut pas réellement rejeter la faute sur eux. Le scénario lui-même est responsable de ce sentiment de « et alors ? et après ? ». Pour l’intérêt d’instaurer une histoire à sa déclaration d’amour, Michel Gondry s’est senti obligé de rajouter quelques détails à la trame. Comme le fait que si le magasin de location vidéo ne rapporte pas suffisamment d’argent, le bâtiment entier sera détruit par un promoteur. Comme une idylle amoureuse qui finalement ne sera que supposition. Du devenir des personnages à la fin du film. Bref, tant questions qui resteront sans réponse, prouvant que Gondry n’a eu que sa déclaration d’amour du cinéma en tête. Empêchant ainsi à son propre film de trouver une quelconque émotion qui lui aurait donné plus de corps, d’avoir des personnages bien plus charismatiques que ça, de présenter des passages bien moins niais que nous avons pourtant là.

Malgré cela, Be Kind Rewind reste une petite comédie artisanale de bon goût. Revigorante et plaisante à regarder. Montrant que son réalisateur, Michel Gondry, est bien un cinéaste à part dans le cinéma actuel, qui sait imposer son style et sa fameuse patte. Et avec un tel cinéaste, nous ne sommes pas prêts à d’oublier ce qu’est le 7ème art : un moyen de réunir des gens, quelque soit leur culture, et de faire passer agréablement le temps au point d’oublier tous nos problèmes quotidiens (le temps d’un film).

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