Pauvre petite fille riche

Je pensais ne jamais regarder un film consacré à la famille royale britannique de ma vie. C'est un sujet qui ne m'intéresse pas particulièrement. Il y a une telle romantisation autour de l'histoire de cette famille que je trouve ça plutôt malsain. Seulement là, c'est Kristen Stewart qui joue Diana, et je ne m'attendais tellement pas à un tel rôle de sa part que je voulais voir ce que ça donnait.

Ce que Larraín propose, c'est une "fable" comme c'est indiqué en introduction du film. Il se met tout un tas de barrières sur le sujet qu'il traite. Ce qui l'intéresse, c'est le refus de Diana d'adhérer au protocole, la tristesse qui se dégage du personnage, le parallèle avec Anne Boleyn, et le tout dans un quasi-huis clos étalé sur trois jours. Il y avait pourtant de la matière avec Diana : son traitement médiatique notamment, son passage de roturière à princesse ou encore sa vie après son divorce. Difficile d'en parler quand on enferme le personnage et qu'on le montre en détresse émotionnelle pendant près de deux heures. C'est pour moi la grosse faiblesse du film : insister sur cette incapacité à supporter un protocole qui exige de porter telle belle robe telle jour ou de manger d'une certaine manière à table, au point d'avoir l'impression de voir une petite fille pourrie qui chouine. L'accent britannique forcé de Kristen Stewart n'est peut-être pas pour rien dans ce ressenti.

C'est dommage d'insister à ce point là-dessus parce qu'il y a quand même de très bonnes choses comme la photographie qui est très belle. Dans une salle de cinéma ça doit être magnifique. Les couleurs sont douces et souvent froides, l'image est granuleuse, ça joue à la fois sur le côté irréel de ce qui nous est raconté mais aussi sur le fait que les trois jours de Diana qui nous sont montrés ont lieu en plein hiver, et elle est coupée du monde. On a vraiment l'impression que son entourage, à quelques exceptions près, est composé d'automates et non d'humains. Les autres sont souvent filmés en plans fixes alors qu'elle est filmée la plupart du temps en mouvement au milieu d'eux. Très peu de personnes ont de la compassion pour elle. Le film part aussi dans un délire horrifique avec Anne Boleyn, et même si ce n'est pas le procédé le plus subtil au monde, ça s'insère bien dans le film. Le passé de Diana est aussi glorifié, on la voit heureuse et libre quand elle est petite mais triste à en crever une fois adulte. Cela donne aussi de belles images.

Je pense que le film aurait gagné en densité et en portée émotionnelle en étant un peu plus court. À défaut d'être un grand film, on sent qu'il y a eu du boulot derrière et ça fait plaisir.