Spetters
7.3
Spetters

Film de Paul Verhoeven (1980)

Pour son cinquième long-métrage, Paul Verhoeven va choquer pour la dernière fois son Pays-Bas natal, si bien qu'il partira à Hollywood pour ses films suivants. Écœurant les spectateurs les moins aguerris, choquant la presse et différents mouvements, le trublion néerlandais dépeint ici les mœurs d'une bande de jeunes typiques de la génération post-récession des 70's : des fêtards sans réelles ambitions, baiseurs notoires et amateurs de motos, casseurs de pédés à leurs heures perdues et bouffeurs de frites. Des jeunes finalement lambdas à l'avenir censément tout tracé.


Avec Spetters, aux allures de teen movie en somme classique, Verhoeven frappe sur tout ce qui bouge : la religion et ses promesses de miracles, la police corrompue par le cul, la décadence, la violence, l'homosexualité. Et là où on croirait voir un acharnement gratuit, provoquant et dénué de sens, le réalisateur amène à sa manière à une plus grande réflexion. Critique acide du peuple néerlandais de la toute fin des années 70, conservateur et moraliste, le long-métrage présente en filigrane une société puritaine où — comme à son habitude — personne n'est tout blanc ou tout noir et tout a une conséquence, bénéfique ou non.


Particulièrement cru, aussi bien dans ses dialogues authentiques que dans certaines séquences graphiquement sans retenue (boobs, pénis, fellation, viol masculin), Spetters choque avant tout le puritain qui, à l'instar des divers personnages du film, se voile constamment la face devant le naturel des choses. La mise en scène de Verhoeven change également ici : plus froide, plus maîtrisée, plus violente aussi, le futur auteur de La Chair et le Sang démontre un savoir-faire instinctif, enchainant aussi bien une course en motocross avec une bagarre qu'une autre rixe avec une annonce dramatique.


Filmant avec autant de légèreté des séquences finement drôles (la partie de jambes en l'air doublement ratée, le concours de zgegs) que des passages plus sombres (l'accident en moto intervient presque comme un gag), Verhoeven nous guide jovialement dans un univers à la fois réaliste et désenchanté, témoignage d'une jeunesse désillusionnée apprenant à coups de parpaing dans le pif que la vie n'est jamais simple. Une œuvre cinglante, percutante, indispensable pour tout fan de son auteur.

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le 29 nov. 2020

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