Spetters
7.3
Spetters

Film de Paul Verhoeven (1980)

Commençons cette critique avec une anecdote amusante. Dans les années 80, Verhoeven commençait à se faire un nom, ses films ont même traversé l'Atlantique pour tomber entre les mains de ... Kathleen Turner. Cette dernière, impressionnée par le travail du Hollandais (et certainement excitée vu que la donzelle a toujours eu le sang chaud), conseilla à son grand ami SS (Spielberg pour les intimes) de jeter un oeil à son oeuvre. Le réalisateur de E.T. se trouva séduit par "Soldaat van Oranje" et pensa même à conseiller ce jeune réalisateur pour tourner Star Wars épisode 6. Jusqu'à ce qu'il voit "Spetters" qui le choqua tellement qu'il revint sur sa décision, et ne rpésenta pas Verhoeven à Lucas. Sacré Steven, il a toujours été un peu trop fleur-bleue.

"Spetters" c'est un film à scandale. Verhoeven a déclaré avoir tellement subi de commentaires négatifs que son échec quelques années plus tard avec Showgirl l'aura laissé de marbre. Ce que la Hollande reprpochait au réalisateur? D'insulter les gays, les femmes, les chrétiens. Pourtant, quand on regarde le film aujourd'hui, ce n'est pas l'impression que ça laisse ; si Verhoeven insulte quelqu'un c'est plutôt le peuple Hollandais, hypocrite qu'il, d'insulter justement les gays, les femmes. Les chrétiens il les insulte quand même. Mais c'est amusant de voir la réaction des gens.

"Spetters" est donc un film à scandale. En effet, il traite d'une jeune génération en quête de soi au travers de trois jeunes hommes et une jeune femme. C'est glauque, c'est froid. C'est social, mais Verhoeven s'américanise déjà avec une mise en scène assez endiablée, riche en mouvements de caméra et en plans spectaculaires. C'est trash aussi. Au point que la scène de viol de "Delivrance" semble être un épisode des télétubies à côté de ce film. Verhoeven est radical, on pourrait lui reprocher d'ailleurs de manquer de subtilité. Il met ses gros sabots, d'ailleurs parfois c'est un peu risible. La scène de suicide par exemple. Surtout que, toujours dans une optique d'être fun, il met une BO assez rock 'n Roll... Mais bon le rock 'n roll des années 80, en Hollande qui plus est, est très axé synthétiseurs, du coup, ben... c'est une peu comme si dans "Le flic de Bervely Hills", on insérait un segment de "Rosetta" en plein milieu du film.

Le scénario est tout de même bien écrit, les personnages intéressants. Un peu long peut-être. Et aussi peut-être aurait-il été plus intéressant de choisir un(e) personnage principal ; ça n'aurait pas empêché de consacrer du temps aux trois autres. Les acteurs choisis pour les interpréter sont bons. Surtout qu'il y avait des scènes difficiles à tourner. Mais ils font très bien l'affaire.

Bref, "Spetters" est un film cru, intéressant, mais qui souffre de quelques longueurs dû à un scénario qui brasse trop large (trop de personnages principaux). N'empêche que ça permet au réalisateur de traîter de plein de choses qui lui tiennent à coeur.
Fatpooper
7
Écrit par

Créée

le 19 juil. 2013

Critique lue 1.2K fois

19 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

19

D'autres avis sur Spetters

Spetters
Docteur_Jivago
8

La Fureur de Vivre

Pour son cinquième film, Paul Verhoeven nous narre le destin de trois amis réunis par la passion du moto-cross et rêvant d’ascension sociale mais qui vont voir leur vie chamboulée par une belle...

le 7 juil. 2014

26 j'aime

11

Spetters
Sergent_Pepper
7

Ratés society

Il fallait bien que Verhoeven s’attaque à la jeunesse. Spetters pourrait être considéré comme son Outsiders à lui : un regard sur les adolescents, une époque, l’aube des années 80 en Hollande, avec...

le 24 mai 2016

25 j'aime

3

Spetters
Nwazayte
8

Noir, c'est noir ...

Si Paul Verhoeven est un auteur à scandale, Spetters est sûrement le film qui correspond le mieux à l'étiquette du "Hollandais violent" qui lui fût attribué. Pas étonnant, de fait, que le film ait...

le 20 févr. 2014

24 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55