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Nombre de personnes m'ont vendu ce film à outrance, en m'avançant qu'il s'agissait d'une claque visuelle comme il en existe peu, ou bien encore en arguant que ce film serait la démonstration que Marvel pourrait, dans le film d'animation, réaliser des longs-métrages qui tiennent enfin davantage du cinéma que du produit dérivé, du simple divertissement-poubelle abêtissant.

Aussi, piqué par ces commentaires positifs que différentes notes, dont celle de Sens Critique, confirmaient, je me dirigeais vers la salle obscure, habité par un sentiment partagé d'excitation, d'attente et quelque part, d'impassibilité.

Autant l'écrire de suite, ces 2 heures et 20 minutes de visionnage ne m'ont pas été insupportables (nous nous situons à 2/10 sur l'échelle du Brio). Cependant, elles n'auront pas su être trépidantes; elles n'auront pas su me tenir en haleine. En effet, ce film s'inscrit dans cette triste logique de construction de saga cinématographique reproduisant le modèle des séries; la première heure parvient à tenir le spectateur, la suite n'est qu'errance quelques fois troublée avant de connaître un paroxysme, une apothéose sur laquelle le film se termine. Ce schéma délétère est par ailleurs, malheureusement, de plus en plus présent dans les grandes productions, comme nous l'a montré "Les Trois Mousquetaires" de Martin Bourboulon.

Aussi, ce schéma, ce pattern, ce canevas, ne nous confirme qu'une seule chose; le film n'est pas fini; la partition est inachevée !

Bien sûr, une œuvre, quelle qu'elle soit, peut être complétée par une seconde qui peut apporter quelques éléments à la première; c'est par exemple le cas avec "Si loin, si proche !" de Wim Wenders qui se veut en prolongation des "Ailes du désir". Cependant, une œuvre doit pouvoir se suffire à elle-même; "Les ailes du désir" peuvent par exemple très bien être considérées dans leur unicité. Mais ici, ce n'est pas le cas; tandis que le "A suivre" des "Ailes du désir" annonce une hypothétique suite qui peut également être celle qui se déroulera hors du cadre capturé par le réalisateur, dans "Spider-Man : Across the Spider-Verse", cette inscription suivie de l'annonce du film prochain ne fait que fusionner les deux longs-métrages, incapables de se justifier par eux-mêmes, démontrant l'impossibilité de leur existence unique. C'est donc sur une structure médiocre que le métrage s'appuie, augurant comme la proposition que celui-ci expose est bancale.

Heureusement, il nous reste l'animation, non ?

Alors oui, il est indéniable que visuellement, l'animation proposée ici satisfait le plaisir de l'œil et que celle-ci fait montre d'une grande technicité. Cependant, cette animation en elle-même, aussi chatoyante et somptueuse soit-elle, dessert le film par certains moments, brouillant notamment considérablement la clarté de quelques scènes d'action. Sur Allo Ciné, 20minutes estime ainsi que le métrage tient de "l'installation artistique" tandis que pléthores de critiques considèrent l'animation du film comme étant "révolutionnaire" ou bien encore comme marquant un "tournant".

Mais au delà de ces observations, vient la question du pourquoi; pourquoi avoir choisi une telle esthétique; pourquoi avoir choisi d'animer le film de cette manière ?

La réponse est peu reluisante et tombe cependant sous le sens; cet esthétisme "original" (ô combien je hais ce mot; qu'elle est grande ma répugnance pour celui-ci) n'a d'artistique que le nom ou encore l'épithète; il n'est en réalité qu'une peau, qu'un masque, qu'un déguisement, qui ne recouvre qu'un film Marvel identique à ses semblables (même humour notamment) et qui ne répond qu'à la demande du client, pardon du spectateur, qui sera, on l'espère, également ravi par un salmigondis nauséeux de références s'inscrivant dans une logique de "fan-service" semblant sans limite. On repassera donc pour le caractère "révolutionnaire" du film qui n'est pas même capable de s'extirper de son propre creuset nommé Marvel.

En somme, seule la technicité reste mais le public battu semble pourtant jubiler; faudrait-il donc à présent s'estimer heureux et comblé à chaque fois que des compétences techniques sont maitrisées parfaitement, sublimées voire repoussés dans un métrage ? Quelle perspective sombre et noire pour le septième art. Allons donc nous ruer sur les Avatars et autres pourvu que ça soit "stylé" et que la technique soit "révolutionnaire".

Ainsi, lorsque la chair du film que tous prônent est retirée et examinée, seul un squelette affaibli, maladif et cassant demeure; ce film n'est pas le chef d'œuvre, ou en tout cas l'œuvre "révolutionnaire", qui nous est vendu mais bien un énième Marvel avec cependant un costume de haute couture.

5/10 pour la charité et pour l'immobilisme.

Big-Brother
5
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le 19 juin 2023

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Big-Brother

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