Les jolies colonies de vacances, merci maman, merci papa et merci Nick Fury!

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À la faveur de l'été, Spider-Man refait surface (sans jamais vraiment nous avoir délaissés), plus cool que jamais. Après un premier épisode du reboot incarné par Tom Holland et intitulé Homecoming, le deuxième (même si l'eau a coulé sous les ponts et que des claquements de doigts sont passés par là) inverse la tendance et emmène notre homme-araignée "far from home" pour prendre notre bon vieux continent comme terrain de jeu d'une menace imprévisible. Mais toujours avec des allures de schoolboy et quelques gamineries qui pourraient bien finir d'asseoir Spider-Man près d'un public très jeune sans négliger les adultes.


Avec Far from home, on prend les mêmes et on recommence tout en ajoutant quelques nouveaux personnages. La valise est faite, c'est parti pour le temps des jolies colonies de vacances. Merci maman, merci papa et merci Nick Fury! À la barre de ce voyage (dés)organisé, Jon Watts a la charge de retrouver la fraîcheur et l'insouciance de son premier opus salvateur après un (autre) reboot totalement à côté de ses pompes. Force est de constater que même si l'univers des super-héros Marvel ne sera plus jamais pareil au regard des récents événements et des pertes subies, le réalisateur désamorce tout pathos né à la suite d'Avengers Endgame en dédramatisant la dématérialisation par un journal télévisé du lycée. Le trentenaire retrouve toute l'énergie et le charme teenager (bande-son so eighties à l'appui, ici) qu'il avait insufflé dans le premier opus pour faire de Peter Parker un sacré challenger, toujours aussi loser en apparence.


Et son apparence, on a eu peur qu'elle change, dès le début. En cause : le costume métallisé tout droit sorti des entreprises Stark, instinctivement commandé et enlevant pas mal de charme à notre héros (un peu à l'image de l'armure de Batman dans le Vs Superman). Heureusement - l'histoire est déjà assez technologique comme ça-, le prétexte est tout trouvé pour le laisser dans les tiroirs. Peter et ses amis (l'excellent Ned Leeds, Jacob Batalon, qui vole la vedette à son ami pendant la première heure du film) s'en vont voir du pays et même plus : de Prague à Venise en passant par Broek op Langedijk (séquence irrésistible) et Londres pour le final explosif. Spidey sightseeing, en somme.


Et, forcément, une sinistre menace venue de l'espace va suivre à la trace et à la toile notre héros qui s'était pourtant juré d'être juste un lycéen comme les autres le temps de cette excursion. Pour mieux conclure avec MJ, aussi. Que ce soit l'une ou l'autre résolution, c'est tout de même mal barré ! Et on ne peut pas ignorer Nick Fury et ses appels ad vitam eternam. Spider-Man va être de la revue. Seul, puisque les autres Docteur Strange et consorts sont occupés ailleurs, mais accompagnés puisqu'un nouveau héros sorti du chapeau du patron du Shield et des affres de l'univers lui est adjoint : Quentin Beck (un bien fade Jake Gyllenhaal pendant la première moitié du film)... à qui Peter a vite fait de trouver un nom, Mysterio. Toi et moi contre le monde entier et les quatre éléments. Une sorte de buddy movie héroïque. Sauf que, quelque chose va foirer.


Peut-être sera-ce aussi le cas de mon article tant ce long-métrage est compliqué à critiquer sans le déflorer. Essayons. Ce Far from home est un film frustrant tant la partie de droite de mon cerveau a trouvé qu'il était réussi et la partie gauche a été nettement moins emballée. Ou peut-être est-ce l'inverse ?


La principale cause ? Un film durant lequel on a l'impression d'en voir trois, comme une mini-série. Les charnières sont trop visibles et l'ensemble, s'il est cohérent, peine à trouver de la fluidité. Comme si le réalisateur et ses équipes épiques s'étaient retrouvés piégés à leur propre jeu, à vouloir faire un film ambitieux mais peut-être trop compliqué à mettre en pratique avec le ton choisi, bon enfant et adolescent, et cet humour généreux. Et pendant trop longtemps, on a l'impression qu'il faut faire un max de dégâts, plus fort qu'une wrecking ball. Alors que les scènes en civil commencent à cultiver les défauts des mauvais Harry Potter (le ventre mou de la saga, quand Harry, Hermione et Ron passaient plus de temps à penser amour, sexe et rock'n'roll), une scène-clé (avec une horrible bande-son semblant tirée du fond du panier d'une obscure base de données) ébranle le cours de l'histoire, lui redonne du sens et rend le spectateur complice. Mais pas trop, Jon Watts est rusé et a plus d'une illusion dans son sac.


Et là, entre effets spéciaux vintage et voulus comme tel, cauchemars et maison des horreurs, le spectateur est embarqué dans un jeu de dupe et de confusion qui ne fait plus rigoler du tout. Quoique Happy Hogan et les amis de Peter, dont la pétillante et charismatique Mary-Jane (Zendaya) mettent leur grain de sel. C'est prenant et chaque coup peut tuer. Ce qui finit de rendre ce Spider-Man intriguant et prenant malgré des débuts hasardeux, alors que l'Europe est à feu et à sang.


Mais ce qui fait la force de Jon Watts et de sa vision du personnage de Stan Lee et Steve Ditko, c'est le nombre d'informations qu'il distille dans ce second film sans temps mort. La psychologie des personnages se développe, les mensonges en contrent d'autres et tout se joue avec, finalement, beaucoup de naturel. Le précepte est simple et on ne peut plus actuel : "Les gens ont besoin de croire en quelque chose et, de nos jours, ils sont prêts à croire n'importe quoi". Pendant que Flash fait des posts sur Instagram à tire larigot.


En fait, ce Spider-Man: Far from home a les maladresses de ses audaces et ses complexités. Beaucoup plus intéressant et approfondi que pas mal de films de ses confrères, ce super-héros jeunot déstabilise dans cette nouvelle aventure dont on a cru qu'elle voulait nous faire passer une succession de cartes postales pour un film fantastique avant de faire tomber radicalement les masques. Avec un méchant qui représente tout le ras-le-bol que la majorité de la population mondiale peut ressentir face à des puissants qui ne laissent que des miettes et s'accaparent les espoirs. Un méchant qu'on ne peut pas pardonner mais qu'on comprend.


Enfin, comme d'habitude, ne quittez pas trop vite votre siège car deux scènes sont "cachées". L'une est intercalée entre deux parties du générique (spider-stimulant) et annonce de manière immersive et mal-filmée un comeback totalement inattendu avant de dérouler le tapis rouge à un troisième film où tout va changer et se compliquer pour Peter. La deuxième scène, post-générique, n'a aucun intérêt mais livre un gag de plus, assez savoureux.

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le 2 juil. 2019

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