Sachez que la critique qui va suivre est celle d'un néophyte en comics, donc le "oui mais ça ressemble plus à l'adaptation de base..." est un aspect dont je me fiches royalement.


Spider-Man : Homecoming, dernier rejeton qui mets en scène le super héros le plus populaire de l'écurie Marvel, n'a décidémment rien à envier à ses congénères de la même année Thor Ragnarok ou Wonder Woman pour ce qu'il s'agit de la démystification totale d'un super héros à l'écran.
Il faut dire que le traitement de notre dieu nordique préféré cette année était un peu limite mais il avait cette originalité, cette totale auto dérision assumée d'un film qui ne se prend pas du tout au sérieux, même si je n'ai pas du tout aimé. Pour la première aventure de Diana Prince en solo à l'écran, l'équipe concurrente de Marvel a misé sur l'hypocrisie et un faux message féministe mais il s'agissait d'une première adaptation sur grand écran, avec des hauts et des bas, il n'y avait donc pas de mythe cinématographique à casser, le symbole et l'aura de Wonder Woman résidant en premier lieu hors du contexte filmique.


Et au milieu de ces superproductions, il y en a une pas moins importante, celle de l'homme araignée, et contrairement aux deux autres films ci dessus, eh bien elle n'a pas d'excuses pour que l'on fasse l'impasse sur la destruction du mythe de son antagoniste.
Pourquoi ? Eh bien parce que Spider-Man a déjà eu un traitement au cinéma, trois films dont deux géniaux réalisés par Sam Raimi, films qui ont contribué à populariser la légende de notre héros et de son alter ego, Peter Parker. Ces films, mettant en scène Tobey Maguire dans le rôle titre, ont offert au monde la seule version possible de ce que devrait être Spider-Man, l'ange gardien de New York, à l'image de Batman pour Gotham, un justicier solitaire, mais évoluant en plein jour à contrario du Dark Knight. Et aussi la seule version possible de ce que devrait être Peter Parker, garçon timide et complexé, avec des principes, doté d'une grande sensibilité, pleinement conscient des sacrifices qu'il doit faire en tant que héros et des responsabilités dont il est accablé. Une série de films au succès immense, qui reste une référence du genre, bourrée d'émotion au contraire de ce qui a pu sortir actuellement dans le même registre, et qui a bercé une génération entière.
Après ce coup de maître de Raimi, Sony balance une mise à jour de son super héros, et casse un mythe avec les volets 1 et 2 de The Amazing Spider Man, véritable horreur de la nature, purge cinématographique où tout est mauvais, à commencer par un Andrew Garfield exécrable dans son rôle au possible.
Là, le MCU veut intégrer notre Spidey à son univers tentaculaire, pourquoi pas ? Alors une chose s'impose, restructurer le personnage et le rendre applicable à l'intrigue des Avengers, et surtout ne pas faire les mêmes erreurs que dans les Amazing.
Sort Captain America : Civil War qui mets en scène le nouvel homme araignée.
De manière totalement prévisible, un film Spider-Man est annoncé.
Et là, ça devient aussi moche que ce ne l'était déjà...


Pour ce qu'il s'agit du film dans sa forme, il n'est pas mémorable et ne présente aucune originalité technique, chaque scène a une sœur jumelle dans un autre film Marvel, et ce film est bien trop long pour ce qu'il raconte. Ennuyeuse à mourir, gorgée de scènes qui ne servent en rien l'intrigue et en rien n'enrichissent les personnages, l'oeuvre réalise une prouesse, celle de nous faire voir un film d'action sous fond super héroïque où l'on se fait clairement chier.
Les protagonistes sont quant à eux d'un mauvais goût... L'ami Ned est un cliché, une parodie du geek obèse et insociable qui n'a rien d'attachant, idem pour Flash, qui est à l'opposé de la brute sans cervelle des premiers Spider-Man et ressemble à un personnage de The Big Bang Theory, un hypster sans barbe, partisan d'un contre courant culturel mais suivant délibérément un courant culturel. Rien n'est mieux du côté des femmes, une Liz Allen oubliable, voir même inutile, et une Tante May décrédibilisée et sexualisée. Bon sang Tante May sexualisée quoi ! Pourquoi !? Tante May est sensée être la tante chaleureuse, à l'écoute, bienveillante, forgée par l'âge et les épreuves de la vie, dictée par les mêmes principes et la même sagesse que ce bon vieux regretté Oncle Ben. Dans ce film, le personnage est décrite comme une "MILF", qui se fait draguer au restaurant asiatique et qui n'a pas d'originalité, cataloguée en tant que bombasse, elle n'est rien de plus qu'un objet dispensable, et le pire c'est que ça a l'air voulu par la production...


Mais le roi incontesté de ce constat reste Peter Parker et le héros qui sommeille en lui, à l'inverse même du personnage des premiers films. Le jeune adulte qui se cherche devient adolescent pré-pubère et boutonneux, garçon attachant et timide autrefois, il est désormais un "nerd" immature et détestable. L'acteur le campant y est pour beaucoup, Tom Holland est au sein du film une tête à claque insupportable et sans dignité. La dignité. C'est ça qui faisait le charme du premier Peter Parker, la dignité ! Tobey portait le masque pour épargner ses proches, garantir leur sécurité par son anonymat, Tom porte le masque pour éviter que sa tante le "fasse chier", et il ne se cache pas pour le dire à un moment du film. Là où le Spider Man de Raimi enchaînait les jobs miséreux afin de subvenir à ses propres besoins et voir même aider sa pauvre tata, le nouveau passe pour un gamin pourri gâté à qui Tony Stark va assurer un avenir radieux après le lycée. Là où le premier tricote, coud son costume, sans argent ni matériel high-tech, le second a accès aux fonctionnalités les plus dingues de par un costume à plusieurs millions de dollars. Ça enlève une force au héros, sa dignité, car Spider-Man n'est plus rien dans l'univers des Avengers. Par deux fois, Iron Man vient le sauver, et une multitude de fois, le héros prouve qu'il n'est pas conscient du fardeau qu'il porte. Là où les premiers Spider-Man et plus récemment la trilogie du Dark Knight mettaient l'accent sur les véritables responsabilités d'un héros, ses sacrifices, le côté humain, Homecoming fait tout l'opposé, et sert une pâle copie de Deadpool pour grand public, improvisation, rigolade, le héros est une farce, évoluant dans un film qui ne l'est pas moins, l'aspect émotion troqué contre l'aspect visuel.


Le traitement catastrophique du héros est d'ailleurs renforcé par le traitement de son ennemi, le Vautour. Seul atout du film avec Robert Downey Jr et sa pilosité faciale extraordinairement parfaite, le méchant interprété par Michael Keaton est le genre de méchant que l'on voulait voir dans le troisième opus de Sam Raimi à la place de l'Homme Sable, le Bouffon 2.0 et Venom. Il est intelligent, il a des motivations, et un but. Véritable self made man, il se rapproche plus des premiers films Spider-Man que Spidey lui même, fabriquant lui même son costume, se suffisant à lui même. Digne et charismatique, cette Némésis a un vrai pouvoir d'exploitation sur grand écran et change des bouillies visuelles telles Steppenwolf, Doomsday et des super méchants pas très développés comme Héla, Ultron et compagnie.


Malgré le fait que Spider-Man : Homecoming soit sorti la même années que le moyen Wonder Woman, le décevant Thor Ragnarok et le raté Justice League, il présente toutes les caractéristiques du genre en plein déclin. Aucune émotion et aucun indice d'intelligence scénaristique ne se dégagent de ce film, le côté humain est quasiment absent, les personnages n'ont aucune richesse d'écriture et même les scènes d'action qui je pense sont les seules vraies valeurs revendiquées par ce film ne sont pas exceptionnelles. Un film un peu trop "propre" à mon goût, qui ne prend pas de risques et qui plus est est vêtu d'un mauvais titre.
Pour ma part, je l'aurais appelé Iron Man & Spider Man ou L'Apprenti de Tony Stark, car on est clairement dans un film qui montre le monde de Tony Stark et l'impact des Avengers sur ce monde vu à travers les yeux d'un étudiant New-yorkais, et non dans un film se centrant uniquement sur son héros.

Tom-Bombadil
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le 15 déc. 2017

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Tom Bombadil

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