Split marque un tournant majeur dans la filmographie de M. Night Shyamalan. Autrefois plébiscité pour ses reconnus Incassable (allant à qualifier son oeuvre de meilleur film de super héros) ou de son Sixième Sens, ses derniers métrages ont été majoritairement mal reçu. Alors passer de After Earth ou Le dernier maître de l'air, deux ignobles navets, à Split, cela relève presque du miracle. Peut être que Shyamalan ne fait que des bons films quand il parle de mysticité, de fantastique saupoudré de réalisme ou plutôt de réalisme avec une pointe de fantastique ici. Il est indéniable que Split est un film réussi dans sa globalité, dans son intrigue alléchante et dans ses acteurs qui crèvent l'écran.


Il est plutôt rare en ce moment de voir des films aussi originaux dans leur sujet et dans leur maîtrise, avec un montage assez impressionnant, et qui devrait donner l'exemple aux brouillons filmiques de Warner / DC. Ainsi, Split se révèle être plus une sorte d'origin-story d'un antagoniste qu'un film d'épouvante horreur que laissait penser la classification française du film (interdiction au moins de 12 ans). En cela, le métrage est un peu en parallèle d'Incassable, et la corrélation est en que plus frappante quand vient la fin et Shyamalan nous sort un sacré twist (si l'on peut l'appeler comme ça). Le film a pourtant du mal à surprendre et passé la première demi-heure, le schéma devient beaucoup trop redondant :


Les trois filles vont échafauder un plan pour s'échapper ; une séquence sur les personnalités de Kevin et/ou la psychanalyste qui explique des choses ; le plan est mis à exécution mais il est voué à l'échec ; séparation des trois lycéennes, etc...


Comme le film le montre, il n'a pas de difficultés pour nous maintenir éveillé et surtout attentif quand bien même ses redondances, et c'est en partie grâce aux acteurs : James McAvoy a rarement été aussi bien. Il faut dire que le rôle est plutôt original, et il livre une superbe prestation. Ses personnalités sont toutes distinctes et on les reconnaît tout de suite rien qu'en regardant le faciès de McAvoy. De ce côté là, Split a au moins le mérite de donner à McAvoy un rôle à la hauteur de son talent. De même, Anya Taylor-Joy est époustouflante. Si les deux autres lycéennes ont un jeu assez bancal notamment au début, Taylor-Joy est complètement superbe dans son rôle, du début à la fin et ça fait plaisir. Rien que pour ses deux acteurs, Split vaut le coup d'être vu.


Il vaut aussi le coup d'être vu, bien entendu, pour son intrigue. Un personnage qui manifeste 23 personnalités distinctes, qui kidnappe trois lycéennes ; c'est forcément intéressant. Surtout si on parle d'une 24ème personnalité qui rôderait dans le coin...


Alors pourquoi Split déçoit un tant soit peu ? Parce que Split aborde beaucoup de choses, mais il n'a pas le temps de les étudier totalement


(le passé de Casey Cook que l'on voit dans plusieurs flash backs, la relation entre les trois lycéennes, ce qui est arrivé au père d'une d'entre elles, la relation entre Casey et Edwig, le passé de Kevin, et un manque total de pitié envers les deux lycéennes tuées et la psychanalyste)


Split se veut original dès ses premières minutes mais son schéma narratif reste trop prévisible, hormis ses 20 dernières minutes.


Néanmoins, le métrage est fort dans son ton et dans son approche de la question des multiples personnalités qui coexistent au sein d'un individu, à savoir si la question du surnaturel serait impossible parce que nous nous confortons dans notre pensée unique et que nous ne possédons qu'une seule personnalité. Par conséquent, l'aspect physique dépend-elle de nous ? Et si une personne a plusieurs personnalités, peut-elle se métamorphoser lors du passage d'une personnalité à une autre ? Le métrage prend son temps pour nous distiller des réponses, et le film est assez intéressant dans son développement de la question des personnalités. Ensuite, la dernière demi heure du film est très réussie, et sort brutalement du réalisme imposé par le réalisateur tout au long du métrage. Celui-ci possède une belle mise en scène et une bonne bande originale.


Ainsi, les principaux reproches à Split tournent autour de son développement de l'intrigue parfois trop superflu mais qui est pourtant très intéressant. Shyamalan a non seulement réussi l'exploit de se relever après un enchaînement de mauvais films mais il a aussi réuni deux talentueux acteurs dans un film original, captivant et particulièrement alléchant, en témoigne la fin qui pourrait promettre de grandes choses quant à l'avenir filmique du cinéaste.

Marvellous

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9

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