Réflexions en vrac, à chaud — j’y reviendrai sûrement plus tard.
J’ai eu la chance d’assister à l’avant-première du film dans le cadre du Festival Lumière de Lyon (11 au 19 octobre), en présence du réalisateur Scott Cooper et de Jeremy Allen White.
L’ambiance était électrique : un public mêlant novices de Springsteen et fans absolus. La diversité dans la salle rendait l’expérience encore plus riche. Anecdote amusante : un homme du public possédait la seule réplique existante de la guitare de Bruce Springsteen, celle du film qu'il leur a loué.
J’y suis allée plutôt sceptique — je connais très peu l’œuvre de Springsteen, et pas du tout la filmographie de Scott Cooper. Mais impossible de rater un événement pareil, aussi prestigieux qu’unique.
Le film adapte le livre Deliver Me from Nowhere: The Making of Bruce Springsteen's Nebraska de Warren Zanes (2023), qui a décidé Scott de réaliser le film.
J’ai passé un vrai bon moment devant ce film, pour plusieurs raisons. D’abord parce que Jeremy Allen White chante réellement dans la plupart des scènes — ce qui, pour un biopic, fait toute la différence. Ensuite, parce que Springsteen lui-même était présent sur le tournage, accompagnant acteurs et techniciens sans jamais imposer quoi que ce soit.
Jeremy n’a pas cherché à consulter ni imiter d’autres acteurs de biopic (Rami Malek, Timothée Chalamet…), et c’est tant mieux. Il a gardé son authenticité, son naturel, son propre rythme. Il n’a pas voulu “être” Springsteen, mais incarner une période de sa vie, avec sa voix, sa sensibilité, ses failles.
Cette période, c’est celle de la création de l’album Nebraska, enregistré au début des années 80, deux ans avant le mythique Born in the USA.
Un double album conçu chez lui, avec un matériel d’enregistrement modeste, presque bricolé.
À ce moment-là, Springsteen est au sommet de sa carrière, mais se retrouve à composer un album d’une profondeur intime, presque douloureuse. Il plonge dans une dépression, confronté à ses traumatismes d’enfance (plusieurs flash-backs bien maîtrisés, et touchants) et à une notoriété qu’il ne sait plus gérer.
J’ai beaucoup aimé le regard du film sur cette phase : l’enregistrement, les paroles, les doutes, les moments d’ombre… sans jamais tomber dans la glorification. On y voit la lucidité d’un homme qui se bat contre lui-même, cherchant à retrouver sa vie et sa passion pour la musique.
Et puis, Jon Landau, son ami et manager, le soutient comme une ancre. Jeremy Strong, qui l’interprète, est remarquable. Tout comme Stephen Graham, bouleversant dans le rôle du père. Franchement, ils mériteraient chacun un Oscar.
Je ne suis pas particulièrement fan de biopics — souvent trop lisses, ou trop “fabriqués” — mais ici, c’est tout le contraire.
Le film m’a donné envie d’en savoir plus, de creuser cette période sombre, de comprendre la musique, les blessures et le militantisme de Springsteen, qui le rendront plus tard si important pour tant de gens.
Résumé un peu brouillon, mais je suis vraiment heureuse d’avoir vécu cette séance, d’avoir pu échanger (brièvement, mais tout de même !) avec Scott et Jeremy.
J’espère que vous irez le voir à sa sortie, et que vous y trouverez autant d’émotion que moi — ou, au contraire, et j’ai hâte de lire vos impressions.
“I get up in the evening
And I ain’t got nothing to say
I come home in the morning
I go to bed feeling the same way.”
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