Le vent passe sous la porte. Un bruit d’enregistrement. La bande tourne, craque.

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Le vent passe sous la porte. Un bruit d’enregistrement. La bande tourne, craque. Le monde se tait. Springsteen : Deliver Me From Nowhere commence là, dans le grain d’une chambre vide. Scott Cooper filme le creux avant la musique — l’espace où la voix cherche à se tenir. Pas de gloire, pas de stade : juste une lampe, une chaise, un homme. Bruce Springsteen n’est plus le Boss ; il devient ce souffle, cette fatigue, cette présence qui hésite à parler. Jeremy Allen White marche lentement. Il parle peu. Ses gestes sont raides, hésitants, comme s’il craignait d’effleurer trop fort le réel. Il transpire la nuit, la poussière du plancher, la mémoire des morceaux qu’on n’a pas encore écrits. Par moments, il regarde hors champ — on dirait qu’il écoute quelque chose qu’on n’entend pas encore. Le son sature. Le silence pèse. On sent la chaleur de l’ampoule, la morsure du froid dehors, l’odeur sèche du bois. La lumière est grise, métallique. Les plans tremblent. Le cadre reste collé au visage, jusqu’à ce qu’on entende presque la respiration du film. Cooper filme la création comme une brûlure : lente, invisible, nécessaire. Jon Landau (Jeremy Strong) veille dans l’ombre, figure douce, presque effacée. Les autres — Odessa Young, Stephen Graham, Paul Walter Hauser — gravitent autour, silhouettes sans contours, voix murmurées dans la brume. La caméra glisse d’un regard à l’autre, comme si elle cherchait l’origine du son. On pense à The Rider, à Inside Llewyn Davis, à ces films qui ne racontent rien d’autre que le travail d’une âme. Ici, la musique n’est plus décor mais respiration. Le mixage devient prière, la lumière, une cicatrice. Chaque note semble tirée d’un effort, d’une lutte intérieure. Ce n’est pas un film sur la gloire, mais sur l’endurance, sur le droit d’exister sans public. Et puis, à la fin, le silence. La bande s’arrête. L’air reste suspendu. La lumière s’éteint lentement sur le bois du sol, sur les doigts immobiles. C’est là que tout se joue : dans cette seconde où rien ne sonne encore, mais où tout a déjà été dit. Un homme, une voix, un monde qui recommence à peine à respirer. Ma note : 12 / 20


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Le-General
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